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La mascarade du Déni !, par Christian Vanneste.

Tactique de communication systématique ou tendance mentale qui relève de la pathologie ? Le président élu par les Français et par effraction ne reconnaît personnellement aucune de ses erreurs, ni aucune des fautes du régime. C’est la culture du déni en gros et dans les détails. Lors de la conférence de presse en duo à distance avec Mme Merkel, il avait au début mal contenu une certaine jubilation.

christian vanneste.jpgTout sourire, son « bonjour à toutes et à tous », suivi d’un « vous allez bien ? » tout aussi mécanique, qui ne s’adressent à personne, et n’attendent aucune réponse, sont symptomatiques d’un individu qui vit dans sa bulle, est incapable d’empathie, et pensait, à ce moment, davantage au coup politique et médiatique qu’il croyait réaliser qu’à la situation des familles endeuillées ou des nombreux français que la crise sanitaire et les mesures prises ont plongés dans la précarité pour certains, ont privés de libertés pour beaucoup. La Chancelière allemande était davantage dans le ton d’une période que M.Macron avait comparée à une guerre, ce que les Allemands n’ont jamais dit, d’ailleurs.

De même, on ne parle pas en Allemagne de « couple franco-allemand ». Cette expression relève d’un fantasme devenue une lubie de ce côté-ci de la frontière. Le Traité franco-allemand est signé le 22 Janvier 1963, mais dès le 24 Avril, après le vote par le Bundestag d’un texte augmenté d’un préambule incluant la fidélité de la République fédérale à son engagement atlantique, de Gaulle sait que cette expression est une illusion, et comme Pompidou le dit à Peyrefitte : « il songe à faire machine arrière. » Cinquante-sept ans et un traité, celui d’Aix-la-Chapelle, plus tard, Macron cultive ce mirage dont il a fait un élément important d’une politique en trompe-l’oeil, pour trois raisons : d’abord, elle soutient le dépassement de l’Etat-Nation vers l’Europe fédérale, ensuite et « en même temps », elle place la France à égalité avec l’Allemagne comme co-pilotes de l’Union Européenne, enfin parce que cela met le président dans les pas du Général. Peu importe que la conception macronienne de l’Europe soit aux antipodes de celle du gaullisme, ou que l’idée d’un duo privilégié de deux pays puisse agacer tous les autres au point de contrecarrer la « construction européenne ». Ce qui est objectivement incohérent devient cohérent dans la théâtrocratie macronienne où la logique n’est pas l’intérêt supérieur d’un Etat, mais la valorisation d’un personnage au moyen de simulacres.

Lorsque de Gaulle rencontre Adenauer, la France est plus grande politiquement que l’Allemagne, et si celle-ci est plus puissante économiquement, la différence n’est pas écrasante. Les choses ont bien changé. L’Allemagne est réunifiée et elle est le moteur économique et industriel de l’Europe. Sa gestion est rigoureuse. Elle lui permet d’engranger des excédents budgétaires, d’être faiblement endettée, et de connaître des échanges commerciaux très positifs avec l’extérieur, aidée en cela par la monnaie unique côté clients, et par les monnaies plus faibles de certains de ses fournisseurs et voisins. La crise sanitaire a clairement coupé l’Union Européenne en deux entre l’Allemagne et les pays du nord, moins la Belgique, d’un côté, et celle du sud, moins le Portugal, de l’autre, le « club méditerranée », comme on dit en Allemagne, et dans lequel la France a plus que jamais basculé avec sa réponse désastreuse au Covid-19. Industrie en berne, chômage important, endettement au-delà de 100% du PIB, déficits commercial et budgétaire constants, la France a affronté la « guerre » contre le virus sans armes, et avec des stratèges ineptes ! Cela a rappelé de douloureux souvenirs. Cette fois encore, l’Allemagne a fait mieux, et en parlant moins fort : 17 Millions d’Allemands de plus, mais 20 000 morts de moins ! Lorsqu’on voit le « couple franco-allemand » aujourd’hui, le déséquilibre est flagrant. La proposition franco-allemande est un geste politique que Mme Merkel a offert à M. Macron contre la montée populiste. Il n’est pas certain qu’elle aboutisse en raison de réticences à l’intérieur même de l’Allemagne ou chez certains membres de l’UE. Il s’agit d’abord d’aider les régions les plus touchées par des dotations et non par des prêts. L’emprunteur sera l’Union. La mutualisation de cette dette est un double cadeau fait sans doute à la Lombardie et à Madrid, où le populisme monte, à l’Italie et à l’Espagne qui n’auront à assumer l’endettement qu’au ratio de leur contribution européenne et à un taux plus favorable que si l’emprunt était national.

Comme la France est le deuxième plus gros contributeur, son avantage est moindre. Il est plus politique qu’économique : il permet à M. Macron de donner à croire qu’il avance toujours sur le même chemin, celui d’une Europe plus fédérale, unie idéologiquement par exemple sur la transition écologique. Or, le vernis du discours se craquelle. L’Europe aurait « fonctionné » en accueillant des malades par delà les frontières ? La Suisse l’a fait, et elle n’est pas membre de l’UE ! La fermeture des frontières entre membres de l’espace Schengen n’était pas nécessaire car le virus ignore les frontières ? Les pays asiatiques qui l’ont pratiquée, comme Taïwan, ont été épargnés ! Il faudra plus de souveraineté commune, et moins de naïveté ? Ce mea culpa touche beaucoup plus la France que l’Allemagne, la cigale qui se trouva fort dépourvue quand la crise fut venue, plus que la fourmi… Il faudra faire cause commune sur l’écologie ? Entre l’Allemagne qui a abandonné le nucléaire au profit du charbon, et la France qui a bien fait de choisir l’atome et aurait grand tort d’y renoncer ?

La réalité française est consternante. La politique du déni ne mènera à rien. Interrogé lors d’une émission sur les coulisses de l’Élysée pendant la crise du Covid-19, M. Macron a réfuté toute pénurie de matériel de protection et assuré que la situation avait ”été gérée” par une doctrine restrictive pour ne jamais être en rupture”. Les soignants privés de masques apprécieront, mais Narcisse n’a jamais tort : cela détruirait l’image qu’il se fait de lui-même.

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