UA-147560259-1

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Des selfies, des tweets : halte au patriotisme des bisounours

 

Une humeur justifiée de Théophane Le Méné*            

Le gouvernement invite les Français à « Faire un selfie (ou une photo) en bleu blanc rouge et à le publier sur les réseaux sociaux avec le hashtag #FiersdelaFrance ». Une communication jugée indécente par Théophane Le Méné. Sur le fond, notons que lui aussi critique « ce monde où tout ce qui n'est pas festif est suspect », Ainsi est-il sur la même ligne qu'Alain de Benoist. (Cf. note précédente). Qui, d'ailleurs, est aussi la nôtre. LFAR

Mené.pngOn se pince pour y croire. On nous avait pourtant intimé de ne plus le brandir, de ne plus s'en réclamer. Les meetings politiques s'en tenaient à distance, les bâtiments officiels l'arboraient avec une certaine pudeur et lui accolaient le cache sexe de l'Union européenne ; on en usait dans les matchs de football comme on pète dans la soie. C'est qu'à lui seul, ce morceau de tissu tricolore désignait tout à la fois le rance, l'intolérance, le fascisme, l'égoïsme ; un objet gigogne dans lequel chaque maux avait sa place et dont le porte-étendard ne pouvait être qu'un beauf au ventre proéminent et à l'intelligence nécessairement absente. A moins qu'il ne soit militaire - même engeance et ascendance forcément nauséabonde.

Mais tout cela c'était avant. Avant un 13 novembre qui aura vu des fils et des filles de France gésir dans le sang, précisément parce qu'ils étaient Français. Depuis ce jour, voici que le drapeau de France claque au vent. Que les chalands se l'arrachent. Que les fenêtres pavoisent. Que les réseaux sociaux s'en drapent. Que le bleu, le blanc, le rouge ressuscitent un pays frappé d'achromatie par des années de promotion de haine de soi et de déconstruction du roman national. Dans la brume qui recouvre aujourd'hui la France, il n'y a bien que ces pigments que l'on distingue. Mais puisque la raison ne doit jamais céder le pas à l'émotion, on ne peut s'empêcher de penser que ceux qui nous somment aujourd'hui de brandir la flamme sont les mêmes qui furent à la manœuvre pour l'éteindre, des années durant. Alors on se demande légitimement si tout ceci n'est pas qu'un artifice quand bien même on voudrait prêter à nos dirigeants - et parce que les circonstances exceptionnelles l'exigent - un peu de bonne fois et un retour au bon sens.

Il est malheureusement permis de douter lorsque l'on s'attarde sur l'abondante communication gouvernementale faite autour de l'oriflamme. Chacun est ainsi appelé à déployer un drapeau français à sa fenêtre, à en faire un « selfie » et le publier sur les réseaux sociaux. Entre injonction de faire et de paraître, patriotisme sur commande, spectacularisation du recueillement et indécence extraordinaire, on rirait de ces consignes absurdes qui ne reflètent que trop la vacuité des donneurs d'ordre et l'insignifiance qu'ils accordent à ce symbole autant qu'à ce drame - si le contexte le permettait. Car ces moments tragiques de l'Histoire n'appellent aucune autre attitude que celle de se tenir, simplement, stoïque, priant pour les uns, méditant pour les autres ; grave, digne, sérieux, soucieux de communier à la souffrance des proches sans en tirer le moindre bénéfice narcissique ; veillant des corps dont l'inanité et l'altération nous rappellent plus que jamais notre attraction irrésistible à l'humus, à ce qui a étymologiquement donné l'homme et l'humilité. Mais dans ce monde où tout ce qui n'est pas festif est suspect, est-il encore quelques tragédies qui puissent échapper à la clownification, à la Gorafication, à la Jawadisation ?

Théophane Le Méné     

* Parue dans le Figaro. Théophane Le Méné est journaliste.

Commentaires

  • Excellent sur le fond.
    Quant à la forme, je ne sais pas si Théophane Le Méné est journaliste mais je trouve que "chaque maux" et "un peu de bonne fois", ça fait beaucoup pour un journaliste. A moins que ce ne soit la faute à Rousseau...

  • sans remonter jusqu'a Rousseau on peut aller jusqu'a Jean ZAY, l'idole de Najat VB,qui , 10 ans avant de devenir ministre de L'Education Nationale du Front Popu declarait conchier le drapeau français ,et ,aprés lui ,a la quasi-totalité de ses successeurs qui se sont couchés devant les hauts fonctionnaires marxisants véritables dirigeants de l'EN depuis 1945.
    Par ailleurs il me plait bien ce petit Le Méné ,il a quelquechose dans le ventre, et au Figaro!Ca me semblait impossible.....

Les commentaires sont fermés.