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Le Prince à la rencontre du monde : Entretien avec Jean Gugliotta.

Palais royal de Tétouan, juillet 2003 - le roi Mahamed VI, le prince Jean de France, Jean Gugliotta
 
La note qui précède (« Le miracle marocain : Un roi, sinon rien »), est illustrée par une photographie de l'entretien qui eut lieu début juillet 2003 au palais royal de Tétouan entre le roi Mohamed VI et le prince Jean de France. Dans quel cadre s'est faite cette rencontre ? Qu'en a-t-il été des voyages du Prince à l'étranger dans cette période ? De leur objet, de leur importance ? Jean Gugliotta - qui en a été l'un des principaux organisateurs - nous avait donné à cet égard de substantielles explications en avril 2009, pour les années 1998-2009. Ainsi, d'ailleurs, que différents exemples vécus, à l'appui de son propos. Nous trouvons opportun de les donner à lire, aujourd'hui, où, s'agissant de l'exemple marocain, l'on constate aisément les bienfaits d’un roi « stabilisateur ». Lesquels manquent si évidemment et cruellement à la France actuelle.         
 
Lafautearousseau : Depuis une dizaine d’années, le Prince est très présent dans la vie publique. Au sein de l’équipe qui l’entoure, vous êtes plus particulièrement chargé de l’organisation de ses voyages, notamment de ses voyages à l’étranger. Quels sont les pays qu’il a visités ?

Jean Gugliotta : Effectivement, depuis 1998, année de la mort du précédent comte de Paris, le Prince a entamé une série de voyages, en France et à l’étranger. Il s’agissait, pour lui, personnellement, de poursuivre l’œuvre de son grand-père et de prolonger la présence de la Maison de France, dans l’espace public, national et international. Je vous rappelle que le prince Jean, à plusieurs reprises, a accompagné les déplacements de son grand-père, en particulier au Québec, à l’initiative du gouvernement français. Durant les dix années écoulées, le Prince s’est rendu, dans l’ordre, en Louisiane, au Québec, au Liban, au Maroc, en Tunisie, en Pologne, en Roumanie et, en 2008, à l’invitation du gouvernement québécois, à Montréal et à Québec, dans le cadre des célébrations du quatre-centième anniversaire de la fondation de Québec, par Champlain, au nom du roi de France.      

lfar : Au cours de ses voyages à l’étranger, est-ce qu’il a rencontré des chefs d’état ou de gouvernement ? Lesquels ?

JG : La plupart de ces voyages ont eu pour origine une invitation des Etats. Souvent à l’occasion d’une célébration qui tenait à l’identité ou à l’histoire de la « puissance invitante ». D’autres voyages ont été plutôt à l’initiative du Prince et pour des raisons personnelles ou familiales. C’est particulièrement le cas pour le Maroc, où le Prince a voulu se rendre pour « mettre ses pas dans les pas de ses ancêtres ». Je vous rappelle que le comte de Paris y a passé sa jeunesse et que le duc de Guise y a été enterré, au cimetière de Larache. Mais quelle qu’ait été l’origine de ces voyages, le Prince a toujours fait l’objet d’un accueil au plus haut niveau. C’est ainsi qu’au Maroc, il a été reçu par le roi Mohamed VI, avec qui il s’est entretenu, au palais royal de Tétouan (ci dessus).  Mohamed VI lui a raconté un souvenir d’enfance : lors d’une réception à Paris, voyant arriver une personnalité qu’il ne connaissait pas, il avait questionné son père, le roi Hassan II. Et le roi lui avait répondu : « c’est le comte de Paris ; si la France était une monarchie, c’est lui qui serait le roi. ». Au Liban, le Prince a été reçu par le président de la république libanaise, Emile Lahoud, dans son palais de Baabda. Au Québec, il a rencontré tout le staff gouvernemental, et, en plus, le Premier Ministre du Canada et Madame Michaëlle Jean, Gouverneur-Général du Canada, représentant la reine d’Angleterre. En Pologne, il a aussi rencontré le président de la Diète, en Tunisie et au Maroc plusieurs ministres, et en Louisiane, il a été reçu par Madame le Gouverneur et le président du Congrès. 

lfar : Est-ce qu’il a rencontré d’autres personnalités marquantes ? Lesquelles ?

JG : Des personnalités marquantes, à différents points de vue. Permettez-moi d’évoquer la rencontre en Louisiane, avec les indiens Houmas, les enfants rouges de la France, qui ont rappelé au Prince, documents à l’appui, la visite à leur tribu, au XVIIIème siècle, du fils du duc d’Orléans, le futur Louis-Philippe. Cette même tribu, aujourd’hui, se bat, malgré les difficultés, pour conserver l’usage du français. Au Liban, il s’est entretenu longuement avec le patriarche maronite, Monseigneur Sfeir, et, dans sa forteresse du Chouf, avec le chef Druze Walid Joumblatt. Au Liban, il a aussi rencontré le père  Mansour Labaki, dont l’œuvre, en faveur des enfants, est universellement appréciée. En Pologne, il a rencontré deux personnalités particulièrement marquantes, qui ont été l’une et l’autre, très proches de Jean-Paul II  : Lech Walesa, prix Nobel de la Paix, venu, tout exprès, de Gdansk à Varsovie et le cardinal Dziwisz, primat de Pologne … L’épouse du président de la république polonaise a aussi tenu à saluer le Prince. Mais au-delà de ces personnalités marquantes, il ne faut pas oublier que le Prince, attaché à la présence de la France, dans ces différents pays, y a rencontré aussi un grand nombre de décideurs en matière économique, culturelle ou scientifique. 

lfar : Quel est le rôle du Quai d’Orsay et des représentations diplomatiques françaises, dans les pays où le Prince s’est rendu ?

JG : Lors du premier déplacement du Prince, à l’étranger, qui était en Louisiane, le Quai d’Orsay a souhaité être informé des raisons de ce voyage. Le Prince a considéré comme normal que le Ministère des Affaires Etrangères soit tenu au courant. Par la suite, dans tous les voyages, le Quai d’Orsay, pour ce qui le concernait, a toujours facilité les rencontres avec les ambassadeurs en poste. Ces derniers reçoivent le Prince, dès son arrivée, et font, avec lui, un tour d’horizon de la situation locale. A son retour, le Prince tient informé le Quai de ses conversations. Une anecdote : lors de son voyage au Maroc, l’ambassadeur de France, en déplacement, n’a pas pu recevoir le Prince mais il a tenu à lui téléphoner personnellement pour l’informer du décès de sa grand-mère, la comtesse de Paris et l’assurer de sa sympathie. Des représentants de la France à l’étranger, le Prince a toujours reçu un parfait accueil.      

lfar : Lui est-il arrivé, lors de ces voyages, de rencontrer des personnalités gouvernementales ou politiques françaises ? Et, si oui, comment ces rencontres se passent-elles ?     

JG : A ce propos, c’est le voyage à Québec qui me permet le mieux de répondre à votre question. Le Prince y a rencontré l’ensemble de la délégation française présente aux cérémonies. En particulier, Alain Juppé qui a regretté de n’avoir pu le recevoir à Bordeaux lors de son dernier voyage et a souhaité une nouvelle occasion. Jean-Pierre Raffarin a témoigné beaucoup de chaleur au Prince. Une autre anecdote à ce sujet. Jean-Pierre Raffarin regrettait qu’en raison de la pluie battante, les participants aux cérémonies dussent se réunir, à l’abri, dans une même enceinte. Le Prince lui a répondu que finalement ce n’était pas plus mal et que cela permettait, au moins, de se rassembler. Avec esprit et répartie, le premier Ministre a répliqué : « Rassembler les gens, c’est bien là votre vocation, Monseigneur. On reconnaît-là votre éducation capétienne ». A cette même occasion, le Prince s’est entretenu également avec Jean-Paul Huchon qui l’a invité à visiter l’exécutif du Conseil Régional d’Ile de France. Il a salué aussi Bernard Accoyer qui préside l’Assemblée Nationale et Ségolène Royal. Tout le monde a pu voir la photographie de la rencontre entre François Fillon et le Prince, qui lui a présenté les personnes qui l’accompagnaient. Il faut dire, pour finir, que lors de ce genre de dîner officiel, c’est vers la table du Prince que convergent les regards et le mouvement de tous ceux qui veulent venir le saluer.        

lfar : Vous avez accompagné le Prince, à Rome, pour une visite au Vatican. A-t-il rencontré le Pape ?

JG : En fait, le Prince souhaitait aller à Rome pour visiter, en compagnie de Monsieur Didier Repellin, architecte, les Pieux Etablissements. Effectivement, au cours de ce voyage, le Prince s’est rendu au Vatican. Mais Benoît XVI venait à peine d’être élu et ne recevait pas, à ce moment-là.  

lfar : Quelle a été l’atmosphère et la teneur des entretiens que le Prince a eus avec les responsables de la Curie ?  

JG : Le Prince était impressionné par la noblesse des lieux et la qualité des personnes qui l’ont reçu. Mais ces dernières étaient aussi, manifestement, conscientes de ce qu’il représentait, qui est issu de l’histoire de la Chrétienté. Notamment, lors de la rencontre avec le cardinal Poupard. Le voyage a eu lieu à quelques jours du referendum de rejet par la France du traité de constitution européenne. Le cardinal Ruini demande au Prince s’il est apparenté et quels rapports il entretient avec les familles royales européennes. Le Prince répond en énumérant ses nombreux liens de parenté avec ces familles et les relations qu’il entretient avec elles. Le cardinal s’exclame alors : « Mais, vous êtes à vous seul toute l’Europe, dans ce qu’elle a de plus noble ! ».  Et s’adressant à l’ambassadeur de France, présent pour l’occasion, et lui-même surpris par l’étendue des liens de parenté du Prince, il l’interroge : « qu’en pensez-vous, Monsieur l’ambassadeur ? ». 

Le cardinal conclut à l’intention du Prince : « ce sont des familles comme les vôtres qu’il faudrait à l’Europe, Monseigneur. Dans vos familles, nous le savons, il y a la durée, il y a de la sagesse, il y a même de la sainteté, parfois, Monseigneur ».    

lfar : Au fait, en quelle langue ces entretiens, à l’étranger, se déroulent-ils ? Le Prince parle-t-il des langues étrangères ?

JG : Le Prince parle, effectivement plusieurs langues, en particulier, couramment, l’anglais et l’allemand. Il faut d’ailleurs rappeler que, par sa mère, l’allemand est aussi, pour lui, une langue maternelle. Quant à l’anglais, il l’a étudié aux Etats-Unis, où il a passé plusieurs années, dans une université californienne.   

lfar : Comment le Prince est-il perçu en général ? Par exemple : Comme une personnalité people ? Comme un vestige de l’Histoire ? Ou comment ?

JG : Je répondrai encore une fois par une anecdote. Lors d’une réception par la chambre de commerce franco-louisianaise, je me trouvais, à table, auprès d’une jeune femme qui effectuait un post-doctorat, à l’université de la Louisiane. Elle ne semblait pas s’intéresser au débat politique traditionnel. Au cours de la conversation, elle a dit à toute la table, comme un sentiment profond, en même temps qu’une découverte : « c’est bizarre, quand je regarde cet homme, j’ai l’impression que je vois la France ». Nous sommes loin d’une image people ou vestige !

lfar : Que lui apportent tous ces voyages ? (...) Vous avez développé l’idée que ces voyages constituent « une double pédagogie ? ». Pouvez-vous expliquer ?

JG : A l’origine, l’objectif du Prince a été de s’informer et même, simplement, de se former aux réalités françaises et internationales. Il s’est agi, pour lui, d’aller sur le terrain, de rencontrer les gens, de connaître leurs problèmes. Pour lui, ces voyages ont eu un intérêt pédagogique. Le phénomène de « double pédagogie » que j’ai évoqué réside en ceci qu’au fur et à mesure des voyages, et de l’expérience que le prince en retirait, les personnes qui le recevaient ou qui l’approchaient découvraient elles aussi ce qu’est un Prince et ce qui le différencie radicalement d’un homme politique traditionnel. Je puis vous assurer que cette différence est très perceptible et très vite ressentie lorsque le Prince voyage … 

 

Commentaires

  • Bien sûr ! le prince pense et travail pour la grandeur de la France ! tandis que nos hommes politique ne songent qu'à leur ego et détruisent la France petit à petit ! ...

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