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Dominique Seux, hier matin, sur France Inter : "En économie comme en politique, il y a une impression de délitement"

dominique seux.jpgCertains de nos amis nous reprochent ce qu'ils appellent, ironiquement, notre "millénarisme" : pour simplifier, nous aurions une propension très nette à voir systématiquement les choses en noir et à annoncer des catastrophes imminentes – qui, naturellement, ne se produisent pas. Ainsi en serait-il, par exemple, des analyses d’Hilaire ou Antoine de Crémiers sur la crise.  

Possible, mais écoutez l’Edito Eco de Dominique Seux, hier matin, à France Inter. Dominique Seux est éditorialiste aux Echos ; libéral ; plutôt optimiste. Et voyez son analyse de la crise politico-économique que nous vivons. Certaines de ses remarques vont au fond des choses. Comme nous, il constate un climat de « délitement » dont les racines seraient morales, politiques et sociétales … 

Pour ceux qui n’aiment pas les enregistrements audio, nous ajoutons le script de cette chronique matinale de France Inter.  

C’est peut-être osé, j’en conviens … Ne croyez pas que je profite de l’absence de Thomas Legrand à Paris pour empiéter ses plates-bandes. Mais, oui, on peut penser qu’il y a une ressemblance, une similitude, entre ce qui se passe actuellement en politique et en économie. Et les deux mots qui viennent à l’esprit, c’est aberration et disproportion. Ce que l’on observe, d’abord, c’est la multiplication d’événements aberrants dans ces deux univers. La question qui vient ensuite est de savoir si ce qui se passe en politique a un lien avec ce qui se passe en économie. On peut penser que oui.

Il n’est pas difficile de trouver de l’aberration en politique et en économie.

En politique, deux exemples frappent depuis deux ans. A gauche, le fait qu’un ministre du Budget ait un compte en Suisse relève bien sûr du stupéfiant, de l’aberrant. A droite, qu’un conseiller de Nicolas Sarkozy ait enregistré en douce peut-être des centaines de réunions est tout aussi aberrant. Dans les deux cas, c’était inimaginable. En économie, le constat est le même. Il était inimaginable que des banques puissent prêter de l’argent à des gens qui n’en avaient pas du tout mais voulaient acheter leur maison. On le sait, c’est la mèche des crédits subprimes aux États-Unis qui a allumé le feu de la crise mondiale ; il était inimaginable de penser que des États de pays développés puissent faire faillite, comme la Grèce ; il est aberrant qu’un pays comme l’Espagne vive avec un taux de chômage de 25% ; aberrant que des salariés de la finance gagnent les ponts d’or sur les marchés financiers alors que leur valeur ajoutée économique et sociale est faible.

Et quel lien entre ces événements économiques et politiques ?

On ne dira pas que les actes aberrants n’existaient pas hier ; mais ce que l’on a sous les yeux laisse penser que tout devient possible, qu’il n’y a plus de limites, que le raisonnable a été jeté par-dessus bord. Est-ce la perte de barrières morales ? Du sens du collectif ? L’appât du gain ? Peut-être tout cela.  

En tous cas, quand tout devient hors-normes, cela provoque et suscite des réponses potentiellement hors-normes elles aussi. Cela durcit le climat politique comme jamais. Cela conduit certains juges à estimer qu’il est possible que la campagne de 2007 de Sarkozy ait été financée par Kadhafi. Et  à mettre sur écoute un ancien président de la République et son avocat sans indices préalables lourds – d’après ce que l’on sait aujourd’hui, précisons-le. On saura le vrai du faux ; Mais dans ce contexte où tout paraît possible, le risque est que les réponses, les ripostes, deviennent elles-mêmes disproportionnées. En économie, la violence économique depuis cinq ans conduit à imaginer que des solutions extrêmes résoudront tout : renoncer à l’Europe, effacer les dettes, interdire les licenciements et le made in China… ce serait si simple. Disproportion rime avec déraison.

Conclusion ?

En économie comme en politique, il y a une impression de délitement qui fait à l’évidence la bonne affaire des partis extrêmes qui n’ont même plus besoin d’élever la voix. 

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