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Départ en retraite volontaire à 70 ans : encore une demie-réforme, à 50° ? .....

          Certains qui s'insurgent aujourd'hui semblent l'avoir oublié, mais il n'y a pas si longtemps, tout le monde (et nous avec) avait été choqué de voir le professeur Luc Montagnier contraint de s'expatrier aux Etats-Unis afin de pouvoir poursuivre ses travaux. 

          Conséquence directe et immédiate de la réglementation rigide, tatillonne et ubuesque dans laquelle le pays légal républicain, au fil des décennies, a enfermé la France : à soixante cinq ans, on vous vire !.......

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            Même si vous êtes encore parfaitement capables de rendre service pendant de nombreuses années; même si vous êtes toujours en pleine forme intellectuelle et en pleine possession de vos facultés mentales (qui viendra dire que Montagnier ne l'était pas quand il est parti ?....); même si vous avez toujours l'envie et la possibilité de servir.

           Or voilà que l'Assemblée a adopté, le vendredi 31 octobre, un amendement permettant aux salariés de travailler jusqu'à 70 ans s'ils le souhaitent. Il semblerait donc que, peut-être, on se soit ému en haut lieu et que l'on ait décidé d'en finir avec certains réglements absurdes et conte-productifs....

 

           Les députés ont en effet proposé un texte et des amendements laissant «la possibilité aux salariés qui le souhaitent de prolonger leur activité au-delà de 65 ans sous réserve d'en avoir préalablement manifesté l'intention auprès de leur employeur et dans la limite de cinq années».

          En pratique, l'employeur doit interroger, avant l'âge de 65 ans, son salarié sur son intention de partir ou non en retraite. Si le salarié refuse ou s'il ne donne pas de réponse, il ne pourra pas être mis en retraite d'office et ce jusqu'à l'âge de 70 ans. Cette mesure ne repousse donc pas l'âge de la retraite ni le nombre d'années de cotisations nécessaires à l'obtention d'une pension à taux plein, qui reste de 40 ans aujourd'hui, qui deviendront 41 d'ici à 2012.

          Le député UMP Denis Jacquat, auteur de l'amendement, estime qu'il «n'est plus acceptable aujourd'hui qu'un homme ou une femme âgé de 65 ans soit mis à la retraite contre son gré, du seul fait de son âge, alors même qu'il n'a pas forcément toutes ses annuités d'assurance ou qu'il souhaiterait prolonger son activité pour améliorer sa pension». Fin de l'Acte I.

          C'est là que les difficultés commencent et que les choses se gâtent.

          Acte II :  une ribambelle d'opposants entrent en scène (parmi lesquels beaucoup s'étaient lamentés -voir ce que nous disions en début de note, de l'impossibilité de travailler dans laquelle se trouvait Luc Montagnier ! Allez chercher la logique là-dedans !.....). Et c'est à qui fera preuve du plus grand cynisme, de la plus grande hypocrisie, de la plus grande mauvaise foi... Les syndicats craignent une hausse de l'âge de la retraite, se déclarent "inquiets", et l'opposition fustige un «scandale». «L'âge de la retraite est insidieusement repoussé à 70 ans», s'est indignée en séance la Verte Martine Billard . La socialiste Marisol Touraine a, quant à elle, accusé le gouvernement d'utiliser «tous les moyens pour reculer l'âge des départs en retraite et amener les salariés à travailler le plus longtemps possible». Le PCF a fustigé dans un communiqué, un «scandale» et un «pseudo-volontariat», «comme si les retraités qui vivent aujourd'hui si nombreux sous le seuil de pauvreté pouvaient avoir le choix». La CGT a estimé que ce texte suscitait «une légitime inquiétude» même s'il «ne modifie pas pour le moment les repères de 60 et 65 ans en matière de retraites». «Cette mesure traduit bien la réalité d'aujourd'hui : de moins en moins de salariés auront la totalité de leurs droits à 60 ans et une retraite suffisante à 65 ans. Ils devront donc chercher à poursuivre leur travail voire à cumuler emploi et retraite», estime le secrétaire confédéral CGTJean-Christophe Le Duigou.

          Acte III : Bertrand est arrivé ! Et là....

          Sa défense du projet est assez curieuse. Il commence par rappeler que 3% seulement de personnes âgées de plus de 65 ans travaillent en France. Soit 300000 personnes sur 16,5 millions de salariés et 23,5 millions d'actifs occupés. D'après lui, ce chiffre montre le peu de personnes qu'une telle mesure pourrait concerner et le peu de risque de voir l'âge de la retraite effectivement repoussé à 70 ans... Drôle d'argument ! Mais le second n'est pas mal non plus : après s'être en quelque sorte et d'une certaine façon presque excusé de proposer une réforme, en affirmant que de toutes façons elle ne réformerait pas grand'chose ni pas grand'monde, Xavier Bertrand sort "la"concession qui semblera de nature, pense-t-il, à calmer tout le monde et à faire passer la-dite-réforme-qui-ne-réforme-pas-grand'chose : à savoir que la mesure ne concernera pas la Fonction Publique.

           Alors là, chapeau ! Nous essayons dans ce blog, il sufit de le lire, de ne pas tomber dans une opposition systématique ou dans une critique stérile; et nous ne perdons jamais une occasion d'approuver une réforme, ou l'action de tel ou tel ministre, ou la déclaration de tel ou tel membre influent des sphères dirigeantes.

            Mais là, dans ce mauvais feuilleton de la fausse réforme du départ à la retraite, on ne peut qu'être consterné de ce à quoi l'on assiste. On veut bien donner acte au gouvernement d'une (bonne) volonté de "faire bouger les choses". Concrètement, d'au moins essayer de réformer. Quand c'est pour la réforme des Ports, on est partant. Mais si c'est pour aboutir, sur ce point précis, à des gesticulations pareilles, on voit mal quel autre qualificatif que celui de pitrerie on peut décerner à la prestation d'ensemble de Xavier Bertrand.....

            Est-ce parce que, peut-être, comme nous le disons souvent la république n'est pas forcément réformable ? Et que nous sommes peut-être comme en 1789 ?.....

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