1914, le martyre d'une cathédrale (IV/IX)...
Voici huit jours, Notre-Dame de Reims était l'une des plus fameuses et des plus belles cathédrales du monde. Avec ses innombrables sculptures, dont l'abondance n'étouffait pas, cependant, la grandeur des lignes architecturales, la façade occidentale était une merveille unique, et l'on pouvait en dire autant des sculptures qui ornaient les parois intérieures de cette même façade. Les vitraux si admirés des touristes, et principalement ceux de la grande rose de l'Ouest, entre les deux tours, où souriait, au milieu d'une cour d'anges, de rois et de patriarches, la Vierge, patronne de la basilique, comptaient parmi les plus anciens dans les églises de France.
En ce moment, il ne demeure de cette merveille que le gros œuvre de pierre, les murailles audacieuses et la voûte qui abrite l'église. De l'admirable fouillis de statues qui animaient l'extérieur de la tour du Nord-Ouest, subsistent seulement des tronçons, des fragments; et si quelques-unes des sculptures ont échappé à la destruction, elles ont été à ce point endommagées par l'incendie qu'elles ne sont plus réparables. Parmi celles qui ornaient la tour du Sud-Ouest, on en distingue beaucoup qui sont sorties presque indemnes du désastre; mais d'autres se sont écroulées ou sont gravement endommagées. Quant aux belles images qui encadraient les portes, à l'intérieur de la basilique, il n'en reste qu'un amas de pierres calcinées.
Illustration : Vue oblique de la cathédrale prise par un équipage de l'escadrille AR 20, le 14 juin 1917...