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Maîtres et témoins...(I) : Frédéric Mistral.

PRESENTATION DE L'ALBUM

PRESENTATION DE L'ALBUM

(Le titre de cet Album est emprunté à celui de l'ouvrage de Maurras, "Maîtres et témoins de ma vie d'esprit". Si Maurras a tant de fois appelé Mistral "le Maître", c'est parce qu'il reconnaissait en lui celui qui avait exalté, en les portant au point le plus haut, les qualités et les valeurs des héritages régionaux, constitutifs, tous ensemble et tous réunis, de l' "ensemble France", qui les résumait tous, se nourrissait d'eux et, à en retour, leur offrait le cadre protecteur au sein duquel elles pouvaient s'épanouir. Du moins, jusqu'à l'arrivée du Jacobinisme et de la République idéologique, qui mena une guerre, aussi féroce qu'insensée, à cette richesse que sont les langues et les cultures régionales, au nom d'un égalitarisme abstrait et absurde... Par son "provençalisme", Mistral est donc bien, pour Maurras, un "maître", étant bien entendu qu'à travers Mistral - et bien loin de se réduire à la seule Provence... - l'hommage est rendu à toutes les autres communautés constitutives de la Nation France : basque, bretonne, corse, catalane, alsacienne, flamande...)


Mistral n'est pas un poète provençal d'hier. A l'instar d'Homère, ou de Dante, il est un poète universel, et de toujours...

On peut évidemment le regretter, mais c'est ainsi: l'évolution des choses, l'histoire, a fait que le provençal est devenu, comme le grec et le latin, non pas une langue morte, mais une langue ancienne. Ce qui est bien sûr tout à fait différent.

Il serait très difficile -et ce serait d'ailleurs tout à fait vain...- d'expliquer pourquoi et comment ce qui se passe dans la Catalogne espagnole ne s'est pas passé en Provence, à savoir le maintien d'une langue catalane extraordinairement vivace, et parlée au quotidien par plusieurs millions d'hommes et de femmes, et de jeunes. Et parlée dans tous les actes de la vie courante. Le castillan étant de fait comme une sorte de seconde langue. En France, le provençal, pas plus que les autres langues régionales d'ailleurs, n'est plus parlé au quotidien, vingt quatre heures sur vingt quatre, par l'ensemble de la population, dans l'ensemble de ses activités. Certaines langues régionales se portent peut-être un peu mieux -ou, plutôt, un peu moins mal...- que d'autres, mais le fait est là, et l'on est bien obligé d'en tenir compte.
Le phénomène, redisons-le, est assez délicat à appréhender: les langues gaëliques ont également reculé, alors que l'on ne peut pas avancer, pour expliquer leur déclin, le jacobinisme révolutionnaire qui a sévi en France...

Faut-il, pour autant, se priver, se couper, des trésors que renferment -pour toujours- ces langues régionales ? Évidemment, non. Faisons une comparaison. Il ne viendrait à personne l'idée d'étudier le grec ou le latin pour aller faire ses courses en parlant grec ou latin dans les magasins ou dans le métro. Si l'on étudie ces deux langues anciennes, c'est uniquement, mais c'est l'essentiel et c'est essentiel, pour avoir un accès direct aux trésors de réflexion, de pensée, de sagesse, que renferment les textes anciens; et pour avoir un accès direct à ces oeuvres et à leurs auteurs. Tout le monde est bien d'accord là-dessus. On "fait" du grec, on "fait" du latin pour fréquenter Sénèque, Virgile ou Térence et, à leur contact, à leur lecture, les laisser nous guider vers les sommets, nous instruire, nous améliorer.

André Malraux, dans Les voix du silence, a bien exprimé cette idée : en prenant l'exemple de Rembrandt, il parle en fait de tous les artistes du passé -mais aussi des écrivains, comme ici avec Mistral en l'occurrence- lorsqu'il écrit "...non moins misérable néant si les millénaires accumulés par la glaise ne suffisent pas à étouffer dès le cercueil la voix d'un grand artiste... Dans le soir où dessine encore Rembrandt, toutes les Ombres illustres, et celles des dessinateurs des cavernes, suivent du regard la main hésitante qui prépare leur nouvelle survie ou leur nouveau sommeil... Et cette main dont les millénaires accompagnent le tremblement dans le crépuscule, tremble d'une des formes secrètes et les plus hautes, de la force et de l'honneur d'être homme."

Nous en sommes là, semble-t-il, avec le provençal, qui est maintenant à considérer de la même façon que le grec et le latin. Loin d'être une langue morte, il doit être considéré comme une langue ancienne, renfermant des trésors de sagesse et -pour Mistral- de poésie. Il peut, et il doit, donc, être connu et reconnu, pratiqué et aimé comme tel.

Certes son rôle vernaculaire semble terminé, comme pour le latin et le grec; mais pas son rôle d'élévateur du coeur, de l'âme et de l'esprit...