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Maîtres et témoins (III) : Léon Daudet

A Champrosay, Draveil...

A Champrosay, Draveil...

Aujourd'hui située au "33 rue Alphonse Daudet, Draveil", la maison de Champrosay se trouve en lisière de la forêt de Sénart, sur un coteau dominant la Seine.
Alphonse Daudet y résida entre 1868 et 1897, et fit l'acquisition de cette maison, située juste à côté de la chapelle Sainte-Hélène.
L’ami de la famille, parrain d’Edmée Daudet, Edmond de Goncourt, y a sa chambre et "ses habitudes" :
il y décèdera le 16 juillet 1896.

Dans "Fantômes et vivants" (page 179) Daudet "raconte" Champrosay :
"...A Champrosay - station de Ris-Orangis - nous avons habité d'abord à l'extrêmité du village, du côté de Corbeil, le pavillon avec atelier d'Eugène Delacroix, puis la grande maison blanche qui se dresse encore aujourd'hui en haut de la côte, finalement une vaste villa contigüe à l'église et descendant, par des étages de pelouses et de prairies, jusqu'à la Seine. Il est bien peu d'écrivains ou d'artistes ou de journalistes, ayant atteint ou dépassé la quarantaine, qui ne soient venus au moins une fois à Champrosay
Aussi me garderai-je de tenter une énumération complète. Il me suffit de fermer les yeux pour voir, sur l'écran du souvenir, passer quelques visages familiers, qui ne m'étaient pas tous également chers.
En première ligne, le vieux et bon Nadar, presque inconnu sous son véritable nom de Tournachon, notre voisin de l'Ermitage, en pleine forêt de Sénart...
...Lui aussi, tel Bergerat, déformait les noms à plaisir. Mon père était son vieux Dauduche. J'étais le petit Dauduchon..."
Dans la Préface de ce "Fantômes et vivants" (dédié "A Madame J. ALPHONSE DAUDET, A ma mère chérie, en souvenir des jours disparus, Léon Daudet"), Daudet explique :
"...J'ai été à même d'approcher et de fréquenter les personnalités les plus notoires de la littérature, de la médecine et du milieu politique républicain. Fils d'un écrivain célèbre et qui avait non seulement le goût, mais la passion des échantillons humains, depuis le vagabond de la route jusqu'au plus raffiné des artistes, j'ai été en relations avec beaucoup de gens que je n'avais pas choisis et dont je devais être violemment séparé plus tard par les circonstances de la vie, ou des divergences fondamentales. Polémiste nationaliste, puis royaliste, j'ai été amené à traiter rudement ceux que je considérais comme les ennemis de mon pays. Quelques uns d'entre eux - Zola, par exemple - faisaient partie de l'entourage d'Alphonse Daudet. Je n'ai pas cru devoir les ménager pour cela, n'ayant par ailleurs reçu d'eux que les témoignages les plus banaux de sympathie à l'endroit d'un jeune confrère. Je compte persévérer dans cette attitude. Deux personnes seulement m'ont encouragé et soutenu dans mes débuts : mon père, qui m'a mis la plume à la main; Mme Edmond Adam, qui a publié, dans La Nouvelle Revue, mes premiers essais. Pour le reste, je me suis débrouillé tout seul. Mon indépendance vis-à-vis de mes contemporains est absolue..."