UA-147560259-1

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Maîtres et témoins (III) : Léon Daudet

Dîner, seul avec Bainville...

Dîner, seul avec Bainville...

1. De "Paris vécu", Première série, rive droite, page 98 :

"...En juillet 1914, le dernier jour du procès de Mme Caillaux, nous dînions seuls chez Boilaive, Bainville et moi.
La guerre, que nous avions si souvent annoncée, était là. Dans la salle, c'était la consternation de tous et de toutes.
Une électricité lourde pesait sur le quartier Montmartre. Combien l'atmosphère était changée !
Les vendeurs de journaux criaient "L'acquittement de Mme Caillaux... La mobilisation en vue."
Le lendemain, les feuilles soumises du régime publiaient l'apophtegme historique de ce crétin de Poincaré : "La mobilisation n'est pas la guerre."
Traduction libre : une dépense de trois milliards (d'avant-guerre) peut parfaitement n'être qu'un joujou.
L'ignorance et la légèreté des peuples l'emportent de beaucoup sur celles des enfants..."

2. De "La pluie de sang", pages 13/14 :

"...Le soir de l'acquittement de la sanglante dame - acquittement prévu - nous dînions mélancoliquement, Bainville et moi, chez Boilaive, l'excellent restaurant de la rue Geoffroy-Marie.
L'atmosphère était lourde et anxieuse. Les crieurs de journaux passaient, en aboyant leurs manchettes, où se rejoignaient l'ignoble verdict de la Cour d'Assises et la menace à la frontière.
Ainsi se vérifiait la parole de Bainville au moment où nous fut annoncé par notre collaborateur et ami Leroy-Fournier, l'assassinat de Calmette :"Tiens, l'affaire Victor Noir ! "
Celui-ci avait été assassiné par Pierre Bonaparte en janvier 1870, sept mois avant la guerre de 70.
Il y a une relation inconnue, mais à mon avis certaine, entre la guerre et les grands assassinats politiques..."