1er mai 1919 : la fin de "l'Union sacrée"...
Il n'y a évidemment pas eu, à proprement parler, de date - ni de "document"... - établissant le début, puis la fin, de ce que l'on a appelé "l'Union sacrée".
Tout ce que l'on peut dire, si l'on veut dater la fin de ce beau mouvement d'union nationale face au péril, et dans le danger, c'est que la manifestation du 1er mai 1919 - interdite à Paris - avait entraîné de violentes échauffourées, et que celles-ci, par la radicalisation qu'elles mirent en évidence, signèrent la fin de "l'Union sacrée"...
Le 23 avril précédent, le Sénat avait ratifié la journée de huit heures, et fait du 1er mai suivant une journée chômée.
Mais la radicalisation croissante d'une partie de la gauche extrême, enflammée par l'exemple de la toute récente révolution bolchévique, provoqua de très vives tensions au sein de la gauche en général; ces tensions devaient conduire, deux ans plus tard, durant le Congrès de Tours, à la scission des Socialistes, et à la création du Parti communiste.
"L'Humanité" de Jaurès - fondée par lui en 1904 - cessera d'être officiellement "socialiste", après et à l'occasion du Congrès de Tours, et deviendra l'organe officel du tout nouveau Parti communiste.
Or, pendant la guerre, et bien que Jaurès ait été assassiné juste avant son déclenchement, la grande majorité des dirigeants et des adhérents, socialistes, ainsi que "L'Humanité", s'étaient ralliés à "l'Union sacrée".
Ainsi, dès la fin de la Guerre, et alors qu'on allait élire la chambre "bleu horizon" (une chambre "de droite"), un changement politique majeur, un véritable bouleversement, se produisit à gauche et à l'extrême gauche, avec l'apparition d'un Parti communiste très fortement "idéologique", là où, avant et pendant la guerre, régnait un Parti socialiste, certes "de gauche" - et souvent extrême - mais ouvert à d'autres tendances, par exemple patriotes et "nationales", qui furent emportées par le souffle des illusions internationalistes nées de la révolution bolchévique...
Illustration : le 1er mai 1919 sous la neige, à Paris...