"Du jour où je rencontrai Maurras..." (I)

De "Vers le Roi", pages 15 à 21 (première partie, pages 15 et 16) :

"...Du jour où je rencontrai Maurras, où je reçus le choc de son esprit - le plus puissant, le plus complet que j'aie rencontré ici-bas - il m'apparut que cette réalisation ("faire le roi", ndlr) ne devait être qu'une question de temps.
La force irrésistible du mot "politique", avec ce qu'il comporte d'examen, de décision et d'acte, ne m'était apparue ni dans Drumont, ni dans Lemaître, ni dans Coppée, ni dans Rochefort, ni dans aucun des hommes prétendus politiques... que j'avais jusqu'alors rencontrés ou fréquentés.
Elle m'apparut dans Maurras, poète, penseur et homme d'action...
Il est de taille moyenne, mince, alerte, avec un visage ferme et décidé, où brille l'immatérielle flamme de deux yeux fascinants, inoubliables...
Maurras se tient droit comme un glaive, et il est, en effet trempé d'acier.
Il ignore la déconvenue, le recul, le temps d'arrêt. Sans cesse il avance vers son but, du même pas décidé, entraînant son monde derrière lui.
D'une légère difficulté de l'ouïe, acquise, qui lui est parfois une gêne, car elle le prive de la poussière voltigeante de la causerie, je savais qu'il était affecté; mais je ne m'en suis personnellement jamais embarrassé, ayant naturellement le ton haut.
Maurras est un foyer embrasé, inextinguible, qui émet mille et dix mille fois plus qu'il ne reçoit. C'est de lui que tout part, et le reste consiste dans les rapports, que nous lui faisons, des effets obtenus par "ses" causes..." (continuation dans le document suivant)

Illustration : L'appartement de Maurras, 30, rue de Bourgogne...
C'est là que vivait Maurras lorsqu'éclata la seconde guerre, entouré de ses "bons amis, les livres"...