Les Gaules juste avant César...
De Michel Mourre (Dictionnaire Encyclopédique d'Histoire, Article Gaule, Tome G-J, page 1963) :
"...Le raid des Cimbres et des Teutons laissa la Gaule ruinée, et la puissance romaine auréolée par les victoires de Marius sur ces envahisseurs germaniques (Aix, 102; Verceil, 101 avant Jésus-Christ), apparut dès lors à de nombreux Gaulois moins comme un danger que comme une protection contre d'éventuelles attaques. Dès le début du 1er siècle avant notre ère, de nombreuses relations commerciales s'établirent entres Gaulois et Romains; le titre recherché d'allié du peuple romain fut donné à l'un de sprincipaux peuples de Gaule, les Eduens.
C'est par les Commentaires de César que nous est connu l'état de la Gaule à la veille de la conquête
romaine. Le pays, dont la population totale est très diversement estimée (entre 5 et 30 millions d'habitants) était occupé par une centaine de peuples. Les Romains distinguaient deux Gaules : la Province, ou "Gallia bracata" ("Gaule en braies") à cause des braies que portaient les habitants, et la Gaule libre ou "chevelue" (Gallia comata) à cause des longs cheveux des guerriers gaulois. César divise la Gaule libre en trois parties :
a) La Gaule Belgique, au Nord, bornée par la mer Germanique (mer du Nord) au Nord-Ouest, par le Rhin au Nord et à l'Est, par la Marne et la seine au Sud-Ouest. Les principaux peuples étaient les Ménapiens (aux bouches de l'Escaut), les Nerviens (entre Escaut et Meuse), les Aduatuques et les Eburons (vallée de la Meuse et entre Rhin et Escaut), les Trévires et les Médiomatrices (vallée de la Moselle), les Morins et les Atrébates (dans le Pas de Calais), les Ambiens (vallée de la Somme), les Bellovaques (entre Somme et Seine), enfin les Rèmes et les Suessions (entre Oise et Marne).
b) La Gaule Celtique ou Gaule proprement dite, au centre, comprise entre le Rhône, la Garonne, l'Océan, la Seine, la Marne et le Rhin inférieur. Les principaux peuples étaient les Hélvètes (en Suisse), les Séquanes (entre la Saône et le Jura), les Eduens (entre Somme et Loire), les Lingons (plateau de Langres), les Sénons (entre Seine et Loire), les Parisiens (qui avaient pour centre Lutèce), les Carnutes (région de Chartres), les Eburovices, les Luxoviens, les Viducasses, les Unelles, les Auterques (en Normandie), les Redones, les Curiosolites, les Osismiens, les Vénètes et les Namnètes (en Armorique), les Pictons et les Santons (le long de la côte Atlantique, au Sud de la Loire), les Andécaves (région d'Angers), les Cénomans (région du Mans), les Bituriges (dans le Berry), les Lémovices et les Pétrocoriens (Limousin et Périgord), les Cadurques (entre Dordogne et Garonne) et les Arvernes (Massif central);
c) L'Aquitaine, au Sud-Ouest, comprise entre l'Océan, la Garonne et les Pyrénées. Les principaux peuples étaient les Sotiates (Lot-et-Garonne), les Vocates et les Vasates (Basadais), les Tarusates (entre l'Adour et le Gave de Pau), les Tarbelles (région de Bayonne et de Dax), les Elusates (Eauze), les Ausci (Auch).
Au sud de la France actuelle, les Gaulois coexistaient avec des peuples non celtiques : Ligures au Sud-Est, Ibères et Basques au Sud-Ouest.
"D'une façon générale - souligne Albert Grenier (Les Gaulois, Payot, 1970, page 144) - l'élément celtique est d'autant plus dense en Gaule qu'on se rapproche du Rhin. A mesure qu'on s'écarte du fleuve, les peuplades autochtones, celles du bronze et de la pierre polie, semblent avoir conservé plsu d'importance.
Au sud de la Loire, sous la couche celtique superficielle, subsiste un fonds de plus en plus considérable de populations anciennes."