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Complexité, subtilité, par Louis-Joseph Delanglade

 

On ne se plaindra pas que senchaînent les contrats de vente de lavion Rafale. Certains ont dénoncé des contreparties inadmissibles. Le Qatar aurait été ainsi autorisé à  « sinstaller » sur les aéroports de Nice et Lyon; le gouvernement dément mais, si cela était avéré, ce serait une faute grave. On souligne aussi volontiers que ce genre de marché suppose forcément des concessions relevant dun « abandon de souveraineté technologique »; on serait plutôt là dans un dosage de ce qui peut paraître acceptable, dosage qui relève dailleurs du constructeur plus que de lEtat. Sur le plan politique, la France semble bien avoir profité de lattitude américaine dont les revirements, réels ou supposés, nont pas toujours été appréciés : par lEgypte dabord, à loccasion du « printemps arabe »; par lArabie saoudite ensuite, depuis le début des événements de Syrie. Si on en reste là, MM. Hollande, Le Drian et Fabius méritent un satisfecit.  

Mais la politique étrangère ne se ramène pas à vendre des avions. Et vendre des avions ne doit pas nous lier les mains. Sil est encore permis de douter que les Etats-Unis iront au bout dune « alliance de revers » avec lIran, lintérêt géostratégique de la France reste de toute façon de ne rien sinterdire non plus avec la République islamique. Vendre des avions aux monarchies pétrolières du Golfe ne doit pas occulter le rôle détestable que certaines dentre elles jouent dans la région par leur soutien, même indirect ou déguisé, à un islamo-terrorisme sunnite à vocation universelle. Or, la présence de M. Hollande au récent sommet du Conseil de coopération du Golfe, organisation économique et militaire de la péninsule arabique, est rien moins quanodine et accrédite lidée dun choix dautant plus paradoxal quil repose, au moins en partie, sur la dénonciation dun « danger iranien » inexistant pour nous. 

 

Les idéologues « humanistes », à limage de M. Guetta sur les ondes de France Inter, déplorent labsence dans la région dune puissance démocratique, que lon pourrait soutenir sans aucun état d’âme. Double erreur. Dabord, peu nous chaut que les pays du Proche Orient soient, ou pas, des dictatures : la France connaît des Etats, pas des régimes. Ensuite, même complexe, la situation ne nous impose pas (pas encore, tout au moins) de choisir. Faut-il alors considérer comme un moindre mal, conforme à la « realpolitik » (en loccurrence vendre des armes et écarter le spectre nucléaire iranien), la position de MM. Hollande et Fabius ? En fait une « realpolitik » cohérente, cest-à-dire une « politique étrangère fondée sur le calcul des forces et sur lintérêt national » devrait dores et déjà prendre en compte le rééquilibrage régional en train de se dessiner. Nous vendons aujourdhui le Rafale aux monarchies, mais il est probable qu’à moyen terme, la montée en puissance de lIran modifie quelque peu la donne - et pas forcément en mal au regard du chaos actuel. 

 

Le chef de lEtat et son ministre des Affaires étrangères ne sauraient être de simples commis-voyageurs : ils doivent être capables de « manoeuvrer » dans cet Orient complexe, ce qui demande évidemment un peu de subtilité. 

 

Commentaires

  • Est-on sûr que le danger iranien soit "inexistant" pour nous ?
    Le paragraphe suivant de notre ami LJD tend à penser le contraire,à juste titre d'ailleurs !

  • A mon avis, à l'heure actuelle - rien n'est définitif - l'Iran ne constitue ni une menace ni un risque pour la France ou l'un quelconque de nos partenaires européens. Il n'a pas part au terrorisme islamique qui se développe chez nous et trouve plutôt son origine et ses soutiens dans l'Islam sunnite, plus particulièrement wahhabite, dont les racines et la force - spirituelle et financière - se situent en Arabie Séoudite où sont La Mecque et Médine.
    Les choses peuvent toujours changer mais, selon moi, l'Islam sunnite est actuellement vecteur de risques pour nous. Pas l'Islam chiite.

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