Le pire ? Le libéralisme, "anarchie molle..."
De "Au temps de Juda", page 87 :
"...Qu'on me permette de citer mon cas héréditaire.
Mon grand'père paternel, Vincent Daudet, était un blanc du Midi.
Mon grand'père maternel, Jules Allard, était un bleu de Bretagne, c'est-à-dire un rouge, ami de Barbès.
Je suis un blanc, c'est entendu, mais admirateur de la politique étrangère de la Convention et je préfère cent fois un révolutionnaire convaincu, même, surtout en réunion publique, à un libéral.
Il y a de l'étoffe dans le premier. Il n'y en a pas dans le second.
La pire anarchie, c'est l'anarchie molle..."
Sur ce sujet, fort important, du libéralisme, on fera une entorse à la construction de cet Album, bâti, nous l'avons dit, à partir des "Souvenirs" de Léon Daudet : en citant ces quelques passages du "Stupide XIXème siècle", consacrés, précisément, au libéralisme :
"Le libéral est un homme qui vénère le Bon Dieu mais qui respecte le diable. Il aspire à l’ordre et il flatte l’anarchie. Cela dans tous les domaines, notamment l’intellectuel et le politique... (il est l’homme des) "concessions à perpétuité"…
"Le libéral domine le XIXème siècle. Il en est l’enseigne et l’orgueil. Ce triomphe seul, s’il en était d’autres, suffirait à stigmatiser une époque.
Ce n’est point la rue révolutionnaire, c’est le salon libéral qui est à l’aube des émeutes et des septembrisades. Car sur le terrain social, comme sur le terrain économique et politique, les méfaits du libéralisme sont innombrables, d’autant plus pernicieux qu’ils tiennent à l’erreur des honnêtes gens.
C’est ainsi que dans les assemblées dites bonnes, élues sous le signe de la patrie et de la famille, les honnêtes gens font rapidement le lit des coquins…
"Vous distinguerez d’emblée le libéral à la crainte qu’il a d’être taxé de réactionnaire. Est-il rien de plus beau, de plus net, de plus harmonieux, de plus efficace aussi, je vous le demande, que de s’affirmer en réaction contre la sottise et le mal, ceux-ci eussent-ils pour eux le nombre et la force ? Comment le corps humain sort-il de la maladie ? Par la réaction…
Le terme injustement bafoué, vilipendé, honni, de Réaction doit être relevé et repris hardiment, si l’on veut donner la chasse à l’erreur sanguinaire, si l’on veut ramener ici et ailleurs, la vraie paix et les institutions et notions de vie avec la ruine des notions et institutions de mort, honorées au XIXème siècle..."
Illustration : Alexis de Tocqueville (1805 - 1859).
Pour Edgar Morin, il n'y a que trois pensées politiques d'envergure : la pensée de Marx, pour la Révolution, celle de Tocqueville pour le courant libéral, celle de Maurras, pour la pensée réactionnaire...