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Maîtres et témoins...(II) : Jacques Bainville.

Un Empire colonial francais ? Bismarck est "pour".

Un Empire colonial francais ? Bismarck est "pour".

De "L'Histoire de trois générations", pages 206/207 :

"...Aux hommes prudents qui dirigeaient la République et qui continuaient la pensée de Thiers, Bismarck avait montré la voie.
Bientôt Jules Grévy fut élu à la Présidence.
Toute une politique y entrait avec lui, et elle consistait à chercher des dérivatifs à l'idée de revanche, à ne plus "s'hypnotiser sur la trouée des Vosges".
Le monde est vaste, avait suggéré Bismarck. En Afrique, en Asie, l'Allemagne vous donne carte blanche. Il calculait qu'il aurait les mains libres en Europe, que l'humeur inquiète des Français serait employée au loin, leur créerait des embarras, si même elle ne les mettait pas en conflit avec l'Angleterre.
Et, de leur côté, plusieurs chefs républicains trouvaient l'offre séduisante. L'expansion coloniale, la constitution d'un vaste domaine africain et asiatique, ne serait-ce pas une compensation honorable au Traité de Francfort ?
Il ne suffisait pas d'être résolu à éviter les complications européennes ni de rassurer l'Allemagne sur les intentions du régime. Il fallait encore donner des satisfactions à l'amour-propre national, un emploi aux activités, ouvrir des perspectives aux esprits. Une nation comme la nation française ne peut pas vivre dans l'immobilité. Il semblait à Jules Ferry que la politique de l'expansion coloniale fût propre à concilier tout..."

Illustration : l'Empire français en 1945. Si, individuellement, les Français peuvent être légitimement fiers de ce qu'ils ont fait en Afrique et en Asie, où ils ont - de fait - éduqué, soigné, nourri, développé des populations à qui ils ont apporté prospérité et progrès en tous domaines, il n'en demeure pas moins que l'aventure coloniale a été infiniment plus profitable aux peuples de l'Empire qu'à la France.
Et que, conformément à l'intuition de Bismarck, la France a dépensé au loin une quantité considérable d'énergies, qui ont été détournées de l'objectif premier : son propre développement, et son achèvement territorial du côté du Rhin...