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Maîtres et témoins...(II) : Jacques Bainville.

1900 : Louis II de Bavière

1900 : Louis II de Bavière

C'est le premier livre de Jacques Bainville, écrit a vingt ans.
Il est dédicacé "A M. Maurice Barrès, en souvenir de l'esprit des lois."
Quand le livre parut, Maurras écrivit : "Il a fait à vingt ans et du premier coup ce qui réussit difficilement à quarante ans, moyennant beaucoup de talent et de peine, un solide livre d'histoire..."

Là encore, Georges Grappe livre de précieux renseignements sur le Bainville de cette époque dans sa contribution - "Adolescence" - au Recueil d'hommages de Plon (pages 76/77/78) :

"...On l'a dit : Bainville était né dans un milieu républicain, où les théories de Jules Ferry étaient tenues en haute estime. Nous nous querellions volontiers à ce propos. Mais, dès cette époque, la lecture de Taine et de Balzac troublait en lui les doctrines héritées...
...Mais ses séjours en Allemagne, à Francfort, à Munich nourrissaient en lui les doutes qui s'étaient formés sur la valeur du régime républicain.
De la capitale bavaroise, en août 1898, Bainville m'annonçait une grande nouvelle (né le 9 février 1879, il a alors 19 ans et demi, ndlr) :
"Depuis que j'ai reçu ta lettre, je suis resté dans cette bonne ville de Munich. Si je ne me trompe, le souvenir de ce séjour me restera précieux. J'aurai revécu dans cette ville une des vies les plus étonnantes qu'on puisse imaginer. C'est te dire que l'idée de faire un Louis II de Bavière m'obsède de plus en plus. Je crois maintenant que je pourrai réaliser sous une forme littéraire les notes que j'entasse depuis bientôt deux mois. Moi qui, tu t'en souviens, fus toujours un médiocre "historien" et ne prétendais qu'au titre de "littéraire", je me suis pris d'un intérêt passionné pour l'histoire de l'Allemagne contemporaine. Et me voici englouti dans Sybel et Ranke. Qui l'eût cru ? Pas ce brave Lechugeur (1) tout au moins. Du reste, tranquillise-toi, je ne ferai pas dans mon livre - si je l'écris ! - mon petit Michelet. Ce sera plutôt une étude de "biographie psychologique"; l'histoire n'interviendra que là où Louis II aura agi sur elle. Et les cas sont rares."
Tout Bainville, on est en droit de le dire, est déjà en germe dans ces confidences juvéniles. Les lignes essentielles de son esprit s'y trouvent déjà dessinées. Par la seule force de sa pensée, au contact des maîtres et de la réalité, il en est venu du sophisme démocratique à l'empirisme organisateur...
Le diamant est sorti de la gangue originelle. L'heure de la taille a sonné. Le moment est venu où, "sous le signe de Flore", ce jeune prince des idées va rencontrer Maurras et prendre à son côté une position exceptionnelle. Après quelques échecs chez des éditeurs, Louis II paraît sous la couverture bleue de Perrin. Bainville entre à La Gazette de France, puis rallie l'Action française, la petite revue grise où nous nous retrouvons près de Bourget, Barrès, Vaugeois, Amouretti, Corpechot..."

(1) : Un de nos professeurs d'histoire au Lycée Henri IV.