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Rechercher : Rémi Hugues. histoire & action française. Rétrospective : 2018 année Maurras

  • Le noyau dur du Pays légal, par Philippe Germain.

    Après avoir dési­gné le Pays légal comme l’ennemi prio­ri­taire, l’Action fran­çaise l’a concep­tua­li­sé comme le défen­seur du Sys­tème poli­tique, puisque étant son prin­ci­pal pro­fi­teur. Elle a aus­si mar­qué sa dif­fé­rence démo­phile par rap­port aux dési­gna­tions (Caste, Éta­blis­se­ment, Oli­gar­chie…) uti­li­sées par les démo­lâtres popu­listes. Voi­là qui est bel et bon, mais insuffisant.

    philippe germain.jpgC’est pour­quoi, afin d’éviter la pos­ture cri­tique « hors sol », si répan­due, les maur­ras­siens appro­fon­dissent la com­po­si­tion de l’ennemi prio­ri­taire. Ils répondent à la ques­tion : Qui sont-ils « ceux » qui par la mai­trise poli­tique de l’appareil d’État répu­bli­cain, exercent une domi­na­tion socié­tale et sociale sans sou­ci du bien com­mun ?  Cela impose :

    • de trai­ter, ce que  l’historien Fran­çois Furet  nomme la « ques­tion des ori­gines ». Celle-ci, dit-il, hante notre his­toire natio­nale depuis 1789. L’histoire comme labo­ra­toire y aide.
    • d’éviter « l’idée de com­plot », notion cen­trale et poly­morphe dans l’idéologie révo­lu­tion­naire, pré­cise encore Furet. Pas plus aujourd’hui de com­plot bour­geois ou mon­dia­liste, que de com­plot « aris­to­cra­tique » en 1789.

    La ques­tion des ori­gines donc. Obser­vant dans l’histoire mon­diale, les répé­ti­tions d’une même cau­sa­li­té, le maur­ras­sisme dégage une loi de phy­sique sociale sur le déve­lop­pe­ment d’oligarchies : Toute révo­lu­tion pro­duit une « nou­velle classe » sou­dée à la longue par l’intérêt. En France c’est Bona­parte, qui pour sau­ver la Révo­lu­tion de 1789, sou­da des gens de tous les milieux, par l’enrichissement résul­tant de la confis­ca­tion du pou­voir poli­tique. Cette classe diri­geante devint héré­di­taire. Ces « dynas­ties répu­bli­caines » du pays légal, gou­vernent et exploitent la France depuis le Direc­toire. Explication…

    Cette nou­velle classe, avide de faire « une for­tune immense », avoue­ra Tal­ley­rand, fut consti­tuée de prêtres jureurs à la consti­tu­tion civile, de membres de la vieille noblesse, de jaco­bins, de mar­gou­lins enri­chis par l’achat des biens natio­naux, de com­mer­çants gras­se­ment rétri­bués par les four­ni­tures aux Armées.

    Pour ces habiles en finance, Bona­parte créa  la Banque de France, avec son pri­vi­lège exclu­sif d’émission des billets. Elle est là l’origine des dis­crètes « 200 familles » (Edouard Dala­dier – 1934), cette « élite finan­cière » dont la famille Gis­card fut emblé­ma­tique. Cer­tains des­cen­dants figurent par­mi les sou­tiens de Macron.

    Cette élite finan­cière est une plou­to­cra­tie, c’est-à-dire le gou­ver­ne­ment des plus riches. Elle n’a rien à voir avec le capi­ta­lisme indus­triel car elle ne prend aucun risque. Elle se contente de pro­fi­ter des oppor­tu­ni­tés offertes par l’état ; par exemple la construc­tion des che­mins de fer au début de la IIIème répu­blique, les contrats de guerre en 1914 – 1918, la déco­lo­ni­sa­tion indo­chi­noise et afri­caine, les natio­na­li­sa­tions  gaul­lo-com­mu­nistes de 1944 – 1948, celles socia­listes de 1982 mais aus­si les pri­va­ti­sa­tions gaul­listes de 1983 et 1993 et main­te­nant les « coups » phar­ma­ceu­tiques de la crise sani­taire. Gains faciles et sans risques ! C’est une plou­to­cra­tie dis­si­mu­lée afin de mieux pro­té­ger ses inté­rêts maté­riels, au détri­ment de l’intérêt éco­no­mique général.

    Pour pros­pé­rer au maxi­mum grâce à l’État, cette nou­velle classe le pré­fère faible, donc basé sur le Sys­tème repré­sen­ta­tif, dans lequel les citoyens élisent des dépu­tés en leur aban­don­nant le soin de déci­der de la loi à leur place. C’est pour­quoi l’élite finan­cière sou­tien une seconde élite, elle aus­si  crée par Bona­parte. Cette der­nière sert de paravent pour dis­si­mu­ler la plou­to­cra­tie, reti­ré de l’avant-scène poli­tique mais gou­ver­nant par influence et per­sonnes interposées.

    Là encore se pose la ques­tion des ori­gines, sinon depuis 1789, au moins depuis le Direc­toire du Consul Bona­parte. Par la trans­for­ma­tion de la maçon­ne­rie en ins­ti­tu­tion qua­si offi­cielle et ins­tru­ment d’influence majeur du pou­voir, Bona­parte ajou­ta au noyau finan­cier du pays légal, une seconde élite. Il pla­ça les maçons aux prin­ci­pales fonc­tions de l’État, les fai­sant ducs ou princes, les dotant de séna­to­re­ries d’un bon rap­port, leur per­met­tant par une guerre épui­sant la nation, de réa­li­ser des malversations.

    Ain­si fut assu­ré le vivier d’une élite « poli­tique », carac­té­ri­sée par une très forte sta­bi­li­té du per­son­nel par­le­men­taire, séna­to­rial et ministériel.

    Cette oli­gar­chie est le gou­ver­ne­ment de tous par quelques-uns, exer­cé sans trans­pa­rence dans la forme répu­bli­caine. C’est un Gou­ver­ne­ment de clans, un des­po­tisme de cote­ries repo­sant sur trente ou qua­rante mile affi­liés, tous cupides, intri­gants et para­sites. Par la maî­trise du pou­voir légis­la­tif, l’é­lite poli­tique peut, et ne s’en prive pas, faire des lois lui per­met­tant de gou­ver­ner en per­ma­nence. L’al­ter­nance élec­tive entre un per­son­nel de centre droit et un per­son­nel de centre gauche garan­tit à l’élite finan­cière, une poli­tique allant tou­jours dans le sens de ses seuls inté­rêts, lui  per­met­tant de pros­pé­rer au détri­ment de la nation par l’exploitation éco­no­mique de l’État. Macron appelle « l’ancien monde » cette élite politique.

    L’actuel pôle idéo­lo­gique des « valeurs répu­bli­caines » émane de cette élite poli­tique dont le laï­cisme athée a vain­cu la pro­tes­ta­tion socié­tale des catho­liques de La Manif Pour Tous mais s’avère impuis­sante face à l’Islamisation.

    En revanche, contrai­re­ment aux appa­rences, la péren­ni­té de cette élite poli­tique n’est pas acquise et ses mises en cause ont son­né le glas de la IIIème répu­blique (1940-maré­chal Pétain) et de la IVème (1958-géné­ral De Gaulle). Les deux élites, consti­tuant le noyau dur du pays légal, furent sérieu­se­ment secouées par la chute de la IIIème répu­blique. C’est pour­quoi après 1945, elles fédé­rèrent deux nou­velles élites, leur per­met­tant à la fois de conso­li­der leur capa­ci­té de domi­na­tion et de résoudre leur pro­blème de renou­vel­le­ment propre à toute élite. Nous ver­rons pro­chai­ne­ment les­quelles ain­si que leur rôle déter­mi­nant sur l’Islamisation.

    Ger­main Phi­lippe ( à suivre)

    Pour lire les pré­cé­dentes rubriques de la série «  L’Islam menace prin­ci­pale », cli­quer sur les liens.

    1. France,  mai­son de la guerre
    2. Mai­son de la trêve et ter­ri­toires per­dus de la République
    3. Impact sur la France de la révo­lu­tion isla­miste de 1979
    4. Les beurs et la kalachnikov
    5. Le plan d’islamisation cultu­relle de la France
    6. Islam radi­cal et bar­ba­rie terroriste
    7. Pas d’amalgame mais complémentarité
    8. Pôle idéo­lo­gique islamiste
    9. Pôle idéo­lo­gique des valeurs républicaines
    10. Face au dji­had cultu­rel : poli­tique d’abord !
    11. Prince chré­tien et immi­gra­tion islamisation
    12. Le Prince et la France chrétienne
    13. Le Prince chré­tien et la laïcité
    14. balayons le défai­tisme républicain
    15. Balayons le défai­tisme démocrate.
    16. Refe­ren­dum sur l’immigration
    17. Moi, j’ai dit pays légal ?

    Source : https://www.actionfrancaise.net/

  • Livres • Destin français, d’Éric Zemmour

     

    Par Gabrielle Cluzel  

    C'est une intéressante recension du dernier livre d'Eric Zemmour que Gabrielle Cluzel nous donne ici. [Boulevard Voltaire, 18.09].  

    Rappelons pour ceux qui l'ignoreraient que Gabrielle Cluzel participe - d'ailleurs toujours brillamment - à certains de nos colloques et conférences, dont quelques unes sont les siennes propres.   LFAR

     

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    L’œuvre d’Éric Zemmour est un peu comme Star Wars : elle a commencé par la fin, et ce n’est qu’ensuite que l’on comprend, en revenant aux sources. Après Le Suicide français, voici Destin français, magnifique fresque historique qui tient de Bainville, de Castelot, de G. Lenotre, de Bordonove et n’est à la fois rien de tout cela. C’est l’Histoire de France incarnée, spirituelle, prophétie biblique : « Les pères ont mangé des raisins verts, et les dents des enfants en ont été agacées… » Le péché originel des parents sera expié par les fils. « L’Histoire ne repasse pas les plats », disait Céline, mais elle accommode les restes, pour les servir des siècles plus tard : « La France semble condamnée à revivre sans cesse la même histoire, à revivre sans cesse les mêmes passions délétères. »

    Zemmour compare la France à une mourante qui verrait défiler devant ses yeux toute sa vie : « Elle semble repasser par toutes les étapes de son existence millénaire. »

    Chaque chapitre est peu ou prou consacré à une figure emblématique – Clovis, Saint Louis, François Ier, Richelieu, La Pompadour, Robespierre, Napoléon, Clemenceau, Pétain, de Gaulle… – dont le destin s’est un moment confondu avec celui de la France, et dont le courage ou la pusillanimité, la clairvoyance ou l’aveuglement, la détermination ou la légèreté ont infléchi le cours de la vie de nos aïeux, et le cours de la nôtre qui lui est indissolublement lié.

    Il est des livres succincts dont on dit, riant, que s’ils tombent, ils ne risquent pas de vous casser le pied… Méfiez-vous de ne pas laisser choir celui-ci. Et pourtant, aucune longueur. Le livre est lourd mais la plume légère.

    Éric Zemmour l’a dédié à ses parents, et c’est à eux qu’il consacre les première pages, surprenant ses lecteurs qui le savent peu prompt à s’épancher – la proximité de Christine Angot, sur les plateaux, l’a sans doute vacciné. C’est qu’ils sont l’alpha et l’omega de ce bouquin-là : il leur doit son inextinguible fibre française. Pieds-noirs, descendants de Berbères soucieux de faire à Rome comme les Romains (donc, de donner des prénoms « du calendrier » à leurs enfants – confer une controverse récente), ils s’agacent de s’entendre qualifier de « juifs de France » quand ils se considèrent « Français juifs ».

    Éric Zemmour opte résolument pour le roman national, mais un roman qui ne s’inscrirait pas comme le Lavisse dans le courant romantique mais serait résolument réaliste : le féminisme beauvoirien tel que présenté par Éric Zemmour a quelque chose de bovarien, Simone aurait dû s’appeler Emma, James Rothschild a les traits de Nucingen et l’Italienne Catherine de Médicis les états d’âme d’une héroïne de Stendhal. Il les décrit comme ils sont, sans les noircir ni les idéaliser. Le manichéisme ne passera pas par lui et les titres des chapitres respectivement consacrés à Pétain et de Gaulle – « L’homme qu’il faut détester », « l’homme qu’il faut aimer » – parlent d’eux-mêmes. Il sort même du placard de grands oubliés, depuis longtemps remisés parce que trop étrangers à l’esprit du temps pour pouvoir être compris : qui connaît encore Bossuet, dont Zemmour écrit pourtant qu’il « réussit dans une langue d’une pureté inégalée la synthèse française du quadrilatère européen des racines juives, chrétiennes, grecques et romaines ». Qui sait encore que le comte de Chambord, par ce drapeau blanc dont il a fait « le test de sa liberté », a signé un « échec emblématique, matriciel même pour la droite française », « [annonçant] les défaites à venir pour pour ce courant conservateur ».

    On dit d’Éric Zemmour qu’il est misogyne ; il est surtout misanthrope. Atrabilaire amoureux d’une France volage, futile, mondaine, inconséquente et belle comme pas deux, dont il voit avec une acuité féroce tous les travers qui la font courir à sa perte mais dont il ne peut se déprendre. Et nous avec lui.   

    Ecrivain, journaliste
    Son blog
  • La grande muette l’ouvre sur les ondes : jusqu’où peut aller la désobéissance civile ?, par Nicolas Gauthier.

    ©Francois Lafite/Wostok Press France, Paris 14/02/2014 Des generaux de l armée francaise lors d une prise d armes a l Hotel des Invalides. French army general attend a military ceremony at the Invalides Hotel in Paris.

    Manifestement, la lettre ouverte signée par une vingtaine d’officiers supérieurs à la retraite et publiée sur le site de n’en finit plus de faire des vagues. À , pour commencer, où l’on n’a jamais été tout à fait guéri du syndrome du militaire providentiel, entre généraux Boulanger et Villiers.

    4.pngMais plus intéressantes sont les réactions d’une gauche stigmatisant une « désobéissance civile » à géométrie variable : « démocratique » quand pratiquée par son camp, mais donnée pour « factieuse » dès lors qu’elle concerne celui d’en face.

    Évacuons, tout d’abord, l’anachronisme historique, pire ennemi des historiens, comme chacun sait. Avril 2021 n’est pas avril 1961. Le putsch d’Alger participe d’une autre histoire et, soixante ans après, il n’est plus tout à fait question de sauver l’Algérie française. De plus, on se souviendra que les généraux Salan, Challe, Jouhaud et Zeller n’étaient pas « d’extrême droite », tel qu’on voudrait nous le faire croire aujourd’hui, mais seulement des héros de la , tous gaullistes, mais aussi déçus par ce même gaullisme. Ce qui n’empêche pas que les premiers résistants venaient de cette même « extrême droite », tel que rappelé par Simon Epstein dans son essai, Un paradoxe français. Mais il s’agit encore, là, d’une autre histoire…

    On passera donc sur les déclarations de Florence Parly, ministre des Armées, qui voit chez ces pétitionnaires des « gens qui attisent la haine », alors qu’ils « ne représentent qu’eux-mêmes ». Il faudrait savoir : cette question est-elle dramatique ou tout simplement anecdotique ? C’est selon, l’une ou l’autre, mais pas les deux à la fois. Et là, le gouvernement se retrouve plus que gêné aux entournures.

    Car aux origines de cette même « désobéissance civile », il y a un autre général, Charles , « l’homme qui a dit non », fondateur de notre Cinquième République, ayant opté pour la légitimité contre la légalité. Comme quoi les militaires révoltés n’ont pas fait que du mal à la République, même si fille de cette Révolution française parvenue au pouvoir par la force pour ensuite s’y maintenir par la terreur avant qu’un autre général, Napoléon, ne vienne y remettre bon ordre. Bref, ce ne serait pas la première fois que la gauche française se trouverait fâchée avec l’Histoire, la sienne, et celle de la France au passage.

    Mais là où le « “Système » commence à dérailler pour de bon, c’est qu’il n’est plus capable de faire la différence entre « désobéissance civile » d’agitateurs professionnels, pro-migrants, pro- ou pro-mariage pour tous, ne risquant qu’une Légion d’honneur ou une montée des marches au Festival de Cannes, tel le cinéaste Cédric Herrou, et la sourde colère montant de cette France donnée pour être « profonde », cette majorité dite « silencieuse » ayant commencé à faire entendre sa voix, gilets jaunes en tête. La preuve en est que les militaires signataires, pourtant épris d’ordre – leurs devanciers n’ont-ils pas fusillé, sans pitié, le peuple des communards ? – s’émeuvent désormais face au traitement plus que sauvage exercé face à cette jacquerie.

    Tous les pouvoirs ont toujours eu deux craintes. La première consiste en ce moment charnière où le gouvernement ne peut plus et où le peuple ne veut plus. La seconde, c’est quand les forces de l’ordre commencent à fraterniser avec ceux qu’ils sont censés réprimer.

    La France n’est certes pas au bord de l’insurrection. Mais cela pourrait nous annoncer une prochaine élection présidentielle plus qu’inattendue.

     

    Nicolas Gauthier

    Journaliste, écrivain
  • L'aventure France en feuilleton : Aujourd'hui (199), Aux marges du Palais... (II) : Wallonie...

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    Quel paradoxe que la Belgique !


    À la fois, inscription dans la réalité des faits de l'abaissement de la France, et "barrière" faite par ses ennemis (menés par les Anglais et les Prussiens) pour arrêter son expansion vers le Nord-est...


    Mais aussi, les choses étant ce qu'elles étaient alors, "dernier cadeau de la monarchie", et protection pour la France, comme cela s'est avéré an 1914 et 1939...

    Après l'écrasement de la France, suite à la folle guerre révolutionnaire de 23 ans déclarée par la République à l'Autriche, puis continuée à grands frais par Napoléon contre presque toute l'Europe, nos ennemis ont voulu créer une "barrière" pour nous empêcher d'atteindre le Rhin.

    La création de la Belgique, mariage de la carpe et du lapin puisqu'elle réunissait artificiellement deux "peuples" fort opposés, est le triomphe de l'utopie anti-française, menée par les Anglais.

    Afin de mieux consolider la "barrière", "on" détacha même, au mépris évident du droit des communautés et des héritages historiques, la partie orientale du Luxembourg, que l' "on" offrit, en propriété personnelle, au roi de Hollande ! Il ne s'agissait ni de respecter le droit des peuples, ni les héritages historiques, mais d'entraver au maximum, et avec la "barrière" la plus solide possible, la marche séculaire de la France vers l'est : on peut dire que nos ennemis - à qui la Révolution, la République et l'Empire avaient donné le bâton pour nous faire battre... - ont bien réussi...

    Il est clair que, depuis fort longtemps, les Flamands - qui, au partage de Verdun en 843, firent partie de la Francie occidentale - ne s'accommodaient plus, depuis bien longtemps, d'une vie commune avec la France; une vie commune qui, pendant quelques siècles, ne posa pas de problèmes majeurs, mais qui devait devenir impossible du jour où les intérêts économiques majeurs des Flamands - par exemple dans le domaine de l'industrie drapière... - les tournait davantage du côté de nos adversaires (notamment l'Angleterre) que vers la France...

    En Wallonie, par contre, un tel phénomène de séparation ne s'est pas produit. Et si une intégration naturelle à la France ne s'est pas faite, cela est dû, pour une très large part, aux bouleversements qu'a causés la Révolution, venue interrompre et briser une trajectoire historique constante depuis des siècles...


    L'influence et l'expansion française furent évidemment contrecarrées, à partir de 1814 et 1815 par la création de la Belgique indépendante : c'était le but recherché par nos plus virulents ennemis, Anglais et Prussiens, et c'est ainsi que l'on peut dire de la France qu'elle est séparée de l'Espagne par les Pyrénées, de l'Italie par les Alpes, et de la Wallonie... par les Anglais !

    Malgré tous les aléas de l'Histoire, la réelle proximité de la Wallonie avec la France reste indéniable : depuis le temps où elle était le berceau de la monarchie franque (c'est à Tournai qu'a été découvert le tombeau de Childéric, père de Clovis, le premier Roi de France...) jusqu'à ce 24 juillet 1919 où la ville de Liège (qui célèbre la Fête nationale française) a été décorée de la Légion d'honneur, pour sa contribution décisive à la victoire de la Marne - par sa résistance héroïque aux troupes allemandes...

    Aujourd'hui, nous ne sommes plus en 1814/1815. L'Histoire continue, et "tourne", modifiant sans cesse les choses; et les utopies d'hier peuvent avoir fait leur temps.


    Dans le cas d'une indépendance flamande de plus en plus clairement revendiquée - et méritée... - il n'est pas impossible que la Wallonie et la France puissent unir leur destin, si l'Histoire, qui a fait une chose, la défait et en propose une autre...

     

    Pour retrouver l'intégralité du feuilleton, cliquez sur le lien suivant : L'aventure France racontée par les Cartes...

     

    lafautearousseau

  • Echéances à l’horizon, par Hilaire de Crémiers

     (Analyse d'Hilaire de Crémiers, parue dans le n° 113 de Politique magazine, décembre 2012) 

    Le seul objectif des hommes au pouvoir est de repousser les échéances, en faisant croire qu’ils sont en état de les assumer. Les hommes de l’opposition « républicaine » n’ont pour tout horizon que de s’éliminer les uns les autres, en vue de la reconquête du pouvoir ! 

    Nous avons de mauvaises institutions : en France, d’abord ; au niveau européen, ensuite. Nous en payons le prix.

    La Ve République n’offre plus de ressources institutionnelles. Nicolas Sarkozy en a épuisé toutes les dernières illusions. Elle ne garantit plus la cohésion intérieure de l’unité nationale ; elle n’assure plus la défense extérieure des intérêts français. Les ressorts sont brisés et les volontés affichées de réussites ne changent rien à la réalité des incapacités institutionnelles. La machine des partis qui est un laminoir, a écrasé tout projet proprement français. Ce qui subsiste de solide est compromis par la vertigineuse dégringolade française si précisément analysée par un Nicolas Baverez ou un François Lenglet. L’économie sur ce point dépend du politique ; or la politique se réduit aujourd’hui à un magma de volontés acharnées à prendre le pouvoir, à se l’approprier, à le reprendre, à le garder, à le façonner et le structurer pour se le conserver.

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    Site de Florange : François Hollande arrivera-t-il à passer ? Avec un Montebourg que personne ne maîtrise. 

    La réalité politique s’impose

    Ailleurs, il en va autrement, contrairement à ce qu’imaginent les Français, trop enclins à penser que le monde leur ressemble. 

    david cameron.jpgAinsi il est une politique anglaise, toujours la même, et nos hommes politiques semblent – et depuis plus d’un siècle ! – inaptes à la comprendre. Ils se font constamment surprendre par le jeu d’approche et par le retrait final anglais. De la même façon, pourquoi s’étonner du sens général de la politique allemande qui, en ce moment et de plus en plus, retrouve ses axes historiques et jusqu’à ses réflexes, ses attitudes et ses discours grinçants à la Henri Heine ? Et n’est-ce pas, d’ailleurs, Henri Heine qui avait averti les Français, dès le xixe siècle, de ne pas s’y tromper ? Le Bild se moque de la France tout autant que The Economist. Il est, bien sûr, une politique russe de conservation et d’expansion de son ère historique, même si des journalistes français sont assez sots pour vouloir l’empêcher d’exister ! Et, de même, Obama ou pas, perdure et s’impose une politique états-unienne, que ni Jefferson ni Monroe ne désavoueraient. Même les salons politiques français commencent à savoir que l’ère Mao en Chine est finie et qu’il est une direction chinoise qui, au-delà des hommes qui passent, poursuit une politique spécifiquement chinoise. Et ainsi du Japon, de l’Inde et du Brésil et d’à peu près tous les pays et continents, y compris de l’Afrique qui retombe dans ses divisions ethniques que la politique française d’aveuglement idéologique a niées, provoquant, comme le montre depuis longtemps Bernard Lugan, drame sur drame. Et que dire du monde arabe qui se croit uni et qui ne l’est pas ?

    Les nations mènent des politiques nationales ; telle est la première réalité de la mondialisation qu’il ne s’agit pas de nier, mais que les politiques français ne voient qu’au travers de leurs idéologies de parti, libérale ou socialiste, sans appréhender sa vraie consistance politique.

    La presse internationale signale ce retour violent ou hypocrite du réalisme politique, quelquefois le plus cynique : il est des constantes du passé qui se retrouvent de nos jours et qui frappent tout esprit qui a le sens politique et historique. Les nations, d’une manière générale, savent ce qu’elles veulent, quand elles ne renient pas leur histoire, et elles sont préoccupées, au premier chef, de leurs intérêts. Que cela ne suffise pas, c’est sûr, et qu’il faille veiller à créer un ordre international, c’est plus que souhaitable. A condition que ce ne soit pas de simples discours pour s’aveugler ou pour tromper.

     

    Une France qui ne se reconnaît plus

    Ce qui laisse pantois les observateurs internationaux, c’est qu’ils ne reconnaissent plus rien de la France. 

    Le chef de l’état n’a plus de crédibilité ni à l’intérieur ni à l’extérieur. Ses préjugés partisans, ses habitudes de louvoiement, ses approximations sur les questions les plus claires le desservent constamment au moment des décisions. Les sommets internationaux où sa nullité souriante et bêtasse affiche une insupportable assurance, ont, depuis qu’il est là, tous échoué. En Europe , encore dernièrement, aux états-Unis, même en Asie où, au mois de novembre, il est allé faire la leçon au nom de la justice, comme il le fait dans un congrès politique français, en oubliant que les Asiates sont totalement insensibles à ce genre de rhétorique.

    Le voilà, sur le plan intérieur, engagé dans des réformes sociétales sur lesquelles il n’a aucune idée, n’ayant, dans son égoïsme savamment protégé, jamais réfléchi de sa vie aux suites effroyables de ses folles théories. Sur le plan politique et social, il sera confronté à ses contradictions : les préjugés stupides qui forment le fond de sa prétendue culture politique vont à l’encontre des nécessités de la vie économique et, comme il doit devant l’évidence de la crise tenir compte de ces nécessités, il ne peut que décevoir, contrarier, irriter son électorat et tant de pauvres gens qu’il a abusés. Sa fausse majorité ne peut que s’effriter, du côté écologique, du côté communiste et gauchiste entre autres.

    peer steinbrück.jpgLes chiffres tombent, tous mauvais. L’augmentation du chômage, établi maintenant à plus de 3,1 millions, en ne comptant que les inscrits ; la réalité du chiffre de la croissance pour 2013, rappelée tant par l’Union européenne que par l’OCDE, qui sera au mieux à 0,2 % ; l’impossibilité pratique, tel que se dessine le budget 2013, de ramener le déficit annuel à 3 % du PIB en dépit des promesses réitérées ; une dette française cumulée qui peut atteindre rapidement les 100 % du PIB pour peu que la France éprouve des difficultés à se refinancer et qu’ayant été dégradée de son triple A par deux agences de notation, elle se voie soumise à un chantage, puis à une spéculation ; les chiffres désastreux du commerce extérieur ; les dettes insoutenables des collectivités territoriales qui devront faire appel à l’état comme en Espagne ; les déficits cumulés des organismes de sécurité sociale à plus de 135 milliards d’euros qui remettent en cause les politiques de santé, bientôt les retraites. (Illustration : Peer Steinbrück, l'homme du SPD. Social-démocrate, il s'oppose à Angela Merkel parce qu'elle en lâche trop aux Français ! Et il est censé être le François Hollande de l'Allemagne... Les politiques français se sont toujours trompés sur la politique allemande)

    D’où un certain affolement malgré des paroles péremptoires qui ne sont pas sans rappeler celles des politiciens de la IIIe et de la IVe République. Après « le pacte de croissance et de stabilité » – words, words, words comme soupirait Hamlet ! – voici « le pacte compétitivité emploi » – again words –  avec ses 35 mesures – pas une de plus mais pas une de moins ! – où pour compenser les surtaxations et surimpositions un système de crédit d’impôt doit permettre aux entreprises de récupérer pour 20 mds sur l’état une partie des sommes déjà versées à titre social et à titre fiscal au Léviathan. Et tout ça à condition que… encore des papiers, des fonctionnaires, des contrôles, de la cogestion…. Et ces 20 mds, l’état compte, lui, les recouvrer en augmentant la TVA. Soyez sûrs que la CSG y passera aussi.

    Si ces messieurs croient ainsi arrêter l’hémorragie, ils se trompent. Les capitaux français sont épuisés ou se garent ou se dissimulent ; les capitaux étrangers ne viennent chez nous que pour y faire des affaires. Les gesticulations d’un Montebourg sont grotesques, au rythme dune déclaration nouvelle chaque jour. La désindustrialisation française dont la sidérurgie n’est qu’un exemple, est le résultat de mauvaises décisions accumulées depuis des décennies qui, elles-mêmes, sont le fait de mauvaises institutions politiques. Le discours socialiste ne change pas la donne.

     

    Sortir du chaos

    La France, d’ailleurs, risque de se trouver dans une situation étrange pour peu que l’Europe soit menacée d’éclatement. Le dernier sommet européen qui a abouti à un échec sur le budget prévisionnel des prochaines années, n’a que trop montré l’éloignement de l’Angleterre, la volonté allemande qui s’impose de plus en plus sous forme d’ultimatum, et les réticences de tous les partenaires qui ne cherchent plus que leur intérêt immédiat. En période de crise, c’était prévisible. Et si la Grèce a été sauvée encore une fois par un déblocage de 41 milliards d’euros, la situation grecque ne peut pas s’améliorer, sauf à effacer la plus grosse partie de ses dettes, même vis-à-vis des institutions publiques, mais alors il serait sage de prévoir le commencement de l’éboulement. Car, du coup, que valent les actifs de la BCE et des banques centrales ? La France serait dans ce cas très mal prise, sans solution de rechange.

    Le Parti socialiste n’est évidemment pas à la hauteur de la situation. Et l’UMP, l’autre parti, dit de gouvernement ? Poser la question, c’est aujourd’hui y répondre. Elle se révèle pour ce qu’elle est : une machine à ambitions personnelles. Jusqu’à la rupture, au grand scandale des Français. Comment peut-il en être autrement ? C’est une affaire d’institutions. à supposer que l’explosion n’ait pas lieu, ça recommencera forcément. Que Marine Le Pen et Nicolas Dupont-Aignan ne se réjouissent pas trop : leur cas ne serait pas meilleur.

    Qui aura le courage de dire la simple vérité : libérons l’état du régime des partis. Demain, pour sortir du chaos, ce sera la première question qu’il faudra résoudre. Ce sera une urgence de salut public.

  • Le prince Jean de France trace son sillon : nouvelles étapes

            Le prince Jean de France trace son sillon. C’est l’expression que nous avons souvent utilisée, parce qu’elle rend compte du processus engagé par le Prince il y a, déjà, quelques années, pour « gagner le cœur des Français ». Il trace son sillon de plus en plus activement, de plus en plus largement. Et c’est, pour les royalistes, dont nous sommes, une bonne nouvelle. Mais là n’est pas le plus important. Le plus important c’est que l’action, la présence du Prince, son implication, de plus en plus nette, de plus en plus connue et reconnue, dans la vie nationale, est aussi, est surtout une bonne nouvelle pour la France.

    LETTRE JEAN DE FRANCE_Page_07_Image_0001.jpg             

            Il n’est pas si simple, dans la France et dans le monde d’aujourd’hui, d’être royaliste sans être utopiste, sans manquer de réalisme et de sérieux. Mais nous sommes convaincus qu’il n’y a pas de royalisme authentique s’il ne se rattache pas à la personne concrète du Prince qui incarne et qui prolonge la tradition royale. Le propre de la monarchie est d’être incarnée dans un Prince de chair et d’os, sans lequel le royalisme se dégrade en idéologie sans consistance. Le premier devoir des royalistes est donc, tout naturellement, de soutenir le Prince.

            Lisez donc la dernière Lettre de Gens de France, association voulue, fondée, présidée par le Prince et destinée à soutenir son action. Elle en donne une remarquable vision d’ensemble, en même temps qu’ une description détaillée qui en montre l’ampleur et l’intérêt.

            Le Prince, lui-même, y trace, tout d’abord, en termes saisissants et forts, l’esprit et la ligne directrice de son action : « Dans les toutes premières présentations que j’ai faites d’Un Prince français, à Béziers et Senlis, en octobre dernier (…), je me demandais si le message qu’il contenait parviendrait aux Français. Mais, en même temps, ceux-ci recevaient un tout autre message, lui-même très brutal : sous leurs yeux, le monde dans lequel ils vivaient, fondé sur le règne de l’argent et de la spéculation, commençait à se fissurer, à s’écrouler ! Cela aurait pu ne concerner que les fauteurs de trouble, ces « élites » financières qui surfaient sur les bulles spéculatives. Mais, de proche en proche, tout l’édifice a commencé à s’effriter sous le poids des dettes. Les Français se voient désormais entraînés dans la spirale de la désagrégation sociale ». Dès lors, le Prince définit le principe, l’axe de son action des mois, voire des années à venir : « Aujourd’hui, avec Gens de France, je me fixe un axe prioritaire. Notre pays doit par tous les moyens résister à la désagrégation sociale. C’est sur ce point que je souhaite faire entendre ma voix. La montée du chômage, l’éclatement des familles, l’urbanisation sauvage, les migrations non contrôlées, le poids de la fiscalité, les crises de l’enseignement, d’autres facteurs, encore, constituent autant de sources de l’éclatement du lien social ». Il faut lire ce texte tout entier !

            Il y a, ensuite, d’octobre 2009 à mai 2010, un tableau impressionnant, très documenté, du tour de France que le Prince a fait, pendant cette période, pour présenter son livre « Un Prince Français ». Ce sont des milliers de Français que le Prince a rencontrés au cours de ces présentations. Et cette Lettre de Gens de France, remarquablement réalisée, en donne un aperçu qui intéressera royalistes et non-royalistes.

            Elle se termine par une analyse de la crise, de François Reloujac, que nous comptons publier, bientôt, ici-même : "Quelques leçons politiques de la crise économùique".

            Il faut suivre les activités de Gens de France. Il faut aussi, soutenir cette association et, naturellement y adhérer.

            Enfin, le vendredi 19 novembre 2010, à 19 heures, à Paris, aura lieu l’assemblée générale de Gens de France. Nous vous conseillons vivement d’y assister.

    CLIQUEZ SUR LES LIENS SUIVANTS :

    LETTRE GENS DE FRANCE (N°19).pdf

    ADHESION A GENS DE FRANCE (N°19).pdf

    ASSEMBLEE GENERALE GENS DE FRANCE.pdf

  • À quoi servent les rois ?, par Christophe Barret.

    Où l’on voit, à travers l’exemple de trois souverains européens, que la monarchie assure l’unité du pays par delà les changements de gouvernement. Les monarques constitutionnels ne servent à rien ! Tel est le lieu commun sans cesse répété, qui correspond à ce que l’on voit d’ordinaire : des personnages qui passent leur temps dans les cérémonies officielles et qui tiennent des propos convenus. Il faut cependant se méfier des apparences. Chez nos voisins européens, les rois et les reines sont manifestement populaires. Cela signifie que les peuples apprécient les fonctions qu’ils remplissent. Dans l’article qu’il consacre à trois pays, la Belgique, l’Espagne et la Grande-Bretagne, l’historien Christophe Barret montre que la monarchie royale assure, en la personne du roi ou de la reine, l’unité du pays par-delà les changements de gouvernement, les conflits sociaux et les crises. La fonction symbolique assumée par les monarques s’accompagne d’un rôle politique aussi concret que discret : celui de médiateur lors des discussions relatives à la formation du gouvernement.

    « They misled the Queen ! » (« Ils ont trompé la reine ! »). Que n’a-t-on pas entendu, dans la foule des pro-Union européenne réunis devant le Parlement de Westminster, au lendemain de la réprobation par la plus haute cour de justice civile écossaise de l’initiative de Boris Johnson et de son gouvernement de forcer une prolongation de la traditionnelle période de vacance des députés des Communes et des Lords ? Et, hors des frontières du Royaume-Uni, chacun y est allé de son commentaire sur les pouvoirs réels de Sa Gracieuse Majesté. Elizabeth II n’est, en fin de compte, pas sortie de sa neutralité effective. La justice, du reste, ne lui reprochera rien, elle qui a finalement paraphé un décret à la légalité remise en cause. L’interprétation d’une constitution coutumière n’est pas toujours aisée. Elle montre en tous cas, que le pouvoir de souverain constitutionnel n’est pas aussi figé qu’il n’y paraît.

     

    En Belgique et en Espagne, on l’on dispose de constitutions écrites, on questionne également la figure du monarque constitutionnel. Constitutionnalistes, historiens et commentateurs insistent sur la nécessité de préserver la neutralité effective du chef de l’État. « Le roi ne peut pas tous les jours faire la une des journaux », déclarait récemment un professeur de droit au journal espagnol El Mundo. N’empêche, en même temps, l’ancien Premier ministre socialiste Felipe González se demandait, lui, s’il ne fallait pas donner davantage de pouvoir au roi Philippe VI, dans le processus de désignation du Premier ministre, alors que son pays doit célébrer son quatrième rendez-vous électoral en quatre ans.

     

    Outre-Quiévrain comme outre-Pyrénées, alors que la constitution de gouvernements de pleins exercices se fait attendre, on s’interroge sur la manière de mener au mieux la médiation qui doit mener à la constitution d’une majorité parlementaire. On est loin d’un simple exercice de style.Dans un dossier consacré aux monarchies d’Europe de la revue Diplomatie, Francis Delpérée, président de l’Académie internationale de droit constitutionnel, précise quelques points fondamentaux quant au rôle du roi dans le processus de désignation d’un chef du gouvernement. « En l’espèce, le roi ne décide de rien, même avec l’accord de ses ministres. Mais il intervient, parfois même il s’immisce, dans une procédure en cours. L’on est ici au cœur de la ‘boîte noire’ exécutive. C’est-à-dire qu’il n’est pas toujours aisé de dé-mêler la part exacte que le chef de l’État et d’autres acteurs ont pu prendre au cours d’un processus complexe de décision. Des influences subtiles et discrètes peuvent s’exercer à ce moment. » Le roi retrouve ici « une liberté de mouve-ment. Limité, sans doute, mais réelle ».

     

    En Belgique, l’action du roi peut s’appuyer sur l’action d’un « explorateur et celle d’un formateur ». Le roi de Belges a ainsi constaté en décembre 2018, le besoin d’une répétition électorale, finalement intervenue en mai 2019. En Espagne, en écho à la déclaration de Felipe González, des voix s’élèvent pour demander que l’action de Philippe VI soit doublée par celle d’un médiateur à la mode belge. Quels que soient les mécanismes de la prise de décision, le roi, comme tout chef d’État, est seul pour ce travail de médiation. Dans une démocratie digne de ce nom, il ne peut pas toujours être en première ligne. Il ne peut pas même, indique Francis Delpérée, être un « redresseur des torts ». Avant de préciser, de manière décisive : « Quoi qu’ils disent ou quoi qu’ils fassent, les rois sont dans le cap du pouvoir.» C’est plus fondamentalement le rôle du roi comme garant de l’unité nationale et de la justice qui est souvent mis en exergue.

     

    Comme le rappelle le roi Philippe de Belgique : « La Belgique est un pays qui trouve sa richesse et sa force dans sa diversité et dans son capital humain. La monarchie est une institution avant tout humaine. Elle est au service des gens, à commencer par les plus fragiles. Chaque Roi ou Reine, avec sa personnalité propre, est appelé à mettre en valeur et à stimuler le meilleur en chacun. C’est cela être le Roi des Belges.»
     
  • Paris, 14 mai 2010: hommage est rendu au ”bon roi Henri”....

                Une Année Henri IV aurait-elle été possible pour le tricentenaire de son assassinat, en 1910 ? Poser la question, c'est -évidemment- y répondre..... Nous ne cessons de le dire, comme nous l'avons déjà fait aussi pour la diffusion -puis la re-diffusion- de l'excellent téléfilm sur L'évasion de Varennes: l'écroulement de cette immense et si lourde chape de plomb du mensonge, du travestissement des faits, de la déformation de notre Histoire ne pourra pas rester sans conséquences; diverses, multiples et variées. Encore ne saisit-on pas tout à fait aujourd'hui l'importance -ni les répercussions, forcément à venir- de l'écroulement de cet autre mur....

                Réjouissons-nous donc de ce changement considérable des choses, et poussons à la roue pour que s'accentue encore ce mouvement...

                Voici deux comptes-rendus des deux cérémonies importantes, et réussies, qui se sont tenues le 14 mai -jour anniversaire de l'assassinat d'Henri IV- dans sa bonne ville de Paris, qu'il a si positivement transformée: Le Grand Paris d'Henri IV.pdf

                C'est d'abord le lancement du site internet Henri IV, le règne interrompu, premier site multimédia de référence sur Henri IV , que vous pourrez découvrir tout à loisir, si vous ne l'avez déjà fait. Ce site fait partie de la collection multimédia Célébrations nationales . Il est publié par le ministère de la Culture en partenariat avec la Société Henri IV

                 Puis, plus spectaculaire évidemment, l'inauguration de l'installation « Astronomy Domine », commandée à Jean-Charles de Castelbajac, et qui sera visible du 14 mai au 14 juillet dans le ciel parisien, près de la statue équestre d'Henri IV, au Pont-Neuf.

                 Ces deux éclatantes manifestations d'attachement à la personne, à l'esprit et à l'oeuvre du grand roi ont été présidées par le Ministre de la Culture, en présence du Prince Jean de France, Duc de Vendôme, descendant direct du Vert galant.....

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     Décembre 2009, le Prince est à Rome, pour l'ouverture de l'Année Henri IV/

    ici, il est à Saint Jean de Latran, devaant la statue de son ancêtre.....

    Un site multimédia pour le 400e anniversaire de la mort d'Henri IV

     

                Le 14 mai, à l’Hôtel de Sully, Frédéric Mitterrand a présidé au lancement du site internet « Henri IV, le règne interrompu » en présence du Prince Jean de France, Duc de Vendôme.

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                « Henri IV, Le règne interrompu ». Le premier site multimédia de référence sur Henri IV (1533-1610) et son époque a été inauguré par Frédéric Mitterrand le 14 mai, jour anniversaire de la mort du Roi, il y a quatre cents ans. Le site présente le premier roi Bourbon sous tous les aspects de sa très riche personnalité : le politique, bien sûr, le pacificateur, l'auteur de l'édit de Nantes, le restaurateur de la prospérité et de la grandeur du royaume, mais aussi le séducteur, l’écrivain, le chrétien, l’homme de guerre, le bâtisseur.
                Le site comprend plus de 500 archives et documents iconographiques. Les concepteurs ont notamment réuni, avec le concours du Centre de musique baroque de Versailles, une palette complète des musiques composées et jouées à la charnière des XVIe et XVIIe siècles.
    « Henri IV, le règne interrompu » fait partie de la collection multimédia Célébrations nationales . Il est publié par le ministère de la Culture en partenariat avec la Société Henri IV et grâce à la participation de nombreuses institutions culturelles et de producteurs de musique.

                Le 14 mai 1610. Le roi Henri IV était assassiné à Paris, rue de la Ferronnerie, par François Ravaillac, alors qu’il se rendait en carrosse à l’Arsenal chez son ministre et ami Sully. Le geste de Ravaillac intervient alors que la population s’inquiète de l’entrée en guerre de la France contre des puissances catholiques.
                Quelques heures avant sa mort, le Roi eut ces mots prémonitoires : « Vous ne me connaissez pas maintenant, vous autres; mais je mourrai un de ces jours, et quand vous m’aurez perdu, vous connaîtrez lors ce que je valais et la différence qu’il y a de moi aux autres hommes ».

                Un roi d’heureuse mémoire. A travers les siècles et quel que soit le régime politique, le Béarnais va rester dans les mémoires comme le roi bienfaisant qui s’est intéressé personnellement aux conditions d’existence de la population des villes et des campagnes. C’est le roi de « la Poule au Pot », dont la politique va être à l’origine d’un véritable renouveau pour l’agriculture.
                On se souviendra aussi que, dans la guerre (1589-1593) qui l’oppose aux ligueurs pour conquérir son royaume, Henri IV a eu le constant souci de réduire les pertes humaines. Enfin, avec l’application de l’édit de Nantes, il apparaît comme le roi de la réconciliation nationale, celui qui met un terme aux conflits sanglants qui ont opposé catholiques et protestants.

                La statue équestre du Pont-neuf. Celle que l’on peut admirer aujourd’hui a été érigée en 1818 par Louis XVIII, à l’endroit même où se dressait celle qui avait été dressée deux cents ans plus tôt par l’épouse du Roi Henri, Marie de Médicis. Cette première statue a été abattue par les révolutionnaire en août 1792, après l’abolition de la monarchie.
                Lors de la restauration de la statue, il y a cinq ans, on a retrouvé dans le ventre du Cheval de bronze, un exemplaire de La Henriade de Voltaire, des Œconomies Royales de Sully et de l’Histoire du Roi Henri le Grand d’Hardouin de Péréfixe.

     

    Hommage à Henri IV

     

                Le 14 mai, Frédéric Mitterrand a inauguré « Astronomy Domine » une installation commandée à Jean-Charles de Castelbajac en hommage au roi Henri IV dont on célèbre le 400e anniversaire de la mort. L’installation sera visible du 14 mai au 14 juillet dans le ciel parisien, près de la statue équestre d'Henri IV, au Pont-Neuf.

    PRINCE JEAN HENRI IV 2010 1.jpg

    Le modèle des souverains.

     

                En inaugurant l’installation conçue par Jean-Charles de Castelbajac, Frédéric Mitterrand a rendu hommage à « celui qui est resté pour chacun le modèle des souverains. […] Si nous célébrons un triste événement, a précisé le Ministre, c’est pour marquer notre attachement constant, par-delà les siècles écoulés, à ce grand souverain victime du fanatisme, dont il ne pouvait qu’être la cible pour en avoir été l’adversaire parfait dans toute son action de roi comme d’ailleurs dans toute sa vie. C’est aussi pour dire que, par-delà cette mort, les valeurs de ce monarque exemplaire ont triomphé. »
                Le triomphe de ces valeurs font ainsi de l’œuvre d’Henri IV une source d’inspiration pour l’avenir. « Ces valeurs, chacun les connaît, ce sont celles de la tolérance et de la liberté, indissociables d’une leçon de joie de vivre, d’énergie et de solidarité humaine. Ce sont aussi les valeurs de la culture et de la foi dans l’humanisme des arts. »
                Evoquant l’installation de Jean-Charles de Castelbajac, le Ministre a jugé que placer dans la main du roi « une épée lumineuse, c’est rappeler aussi que la paix repose sur le courage, que la justice ne va pas sans l’appui de la force, et c’est montrer que sans les lumières de l’esprit et du cœur pour nous guider, la force et le courage – toutes les vertus – ne sont rien. »

                La statue équestre du Pont-neuf. Celle que l’on peut admirer aujourd’hui a été érigée en 1818 par Louis XVIII, à l’endroit même où se dressait celle qui avait été dressée deux cents ans plus tôt par l’épouse du Roi Henri, Marie de Médicis. Cette première statue a été abattue par les révolutionnaire en août 1792, après l’abolition de la monarchie.
                Lors de la restauration de la statue, il y a cinq ans, on a retrouvé dans le ventre du Cheval de bronze, un exemplaire de La Henriade de Voltaire, des Œconomies Royales de Sully et de l’Histoire du Roi Henri le Grand d’Hardouin de Péréfixe.

                Le 14 mai 1610. Le roi Henri IV était assassiné à Paris, rue de la Ferronnerie, par François Ravaillac, alors qu’il se rendait en carrosse à l’Arsenal chez son ministre et ami Sully. Le geste de Ravaillac intervient alors que la population s’inquiète de l’entrée en guerre de la France contre des puissances catholiques.
                Quelques heures avant sa mort, le Roi eut ces mots prémonitoires : « Vous ne me connaissez pas maintenant, vous autres; mais je mourrai un de ces jours, et quand vous m’aurez perdu, vous connaîtrez lors ce que je valais et la différence qu’il y a de moi aux autres hommes ».

     

     

    Annexe: un peu d'Histoire, et d'émotion: lu dans Le Pélerin....

     

     

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  • Une politique pour l'an 2000 de Pierre Debray (8)

    Photo (de gauche à droite) : Michel d'Ornano, Michel Poniatowsi, Valéry Giscard d'Estaing

     

    2293089609.14.jpgNous poursuivons la publication d'une série qui devrait faire date ; qui forme un ensemble à lire en entier : une étude de Pierre Debray parue en novembre 1985 dans le mensuel Je Suis Français, sous le titre Une politique pour l'an 2000. La lecture de ces textes expliquera aux lecteurs qui ne l'ont pas connu le rôle intellectuel important de Pierre Debray à l'Action Française dans les années 1950-2000.  Cette analyse politique, économique, sociologique et historique, menée méthodiquement, à la maurrassienne, comporte de multiples enseignements, utiles aujourd'hui à notre école de pensée. Comme un stimulant de notre réflexion sur la situation présente de la France et sur l'action que nous avons à y mener. Même si le lecteur devra tenir compte des événements et des faits intervenus au cours des trois dernières décennies.  LFAR

     

    2235704335.jpg1ère partie : l’Homme Masse

     

    L'ETABLISSEMENT

    La perte de l'Indochine va permettre à Edmond Giscard, relevé d'Estaing, de faire une énorme fortune. Le mécanisme est simple. La SOFFO rachète des sociétés, sucreries, raffineries, tissages, ou plantations, au moindre prix. Les propriétaires sont trop heureux de trouver un acquéreur. Edmond Giscard transformera les biens confisqués par les Vietminh en dommages de guerre, payés rubis sur l'ongle, dans les meilleurs délais. De dérogations en autorisations, ce bel argent sera investi dans l'immobilier, un marché en pleine expansion. L'abandon de l'Indochine se traduira pour la SOFFO par une augmentation du capital qui passera en 1966, à quinze millions quatre cent cinquante mille nouveaux francs. Ce qui explique l'enthousiasme des actionnaires à réélire Edmond à la présidence du conseil d'administration.

    Entre temps, les Giscard se sont fait anoblir par le conseil d'Etat, qui les autorisera à relever le nom de d'Estaing. Pour y parvenir, ils n'ont pas hésité à déshonorer leur famille de bonne bourgeoisie en lui inventant, comme ancêtre une fille de joie qui se serait fait faire un enfant par l'amiral d'Estaing. Ce qui est manière d'afficher leur appartenance à une oligarchie de déclassés. Pourtant, en dépit de cette noblesse d'emprunt, René et Edmond restent des pièces rapportées, réduits au rôle de prince consort. Dans un système matriarcal le pouvoir appartient aux femmes et celle d'Edmond, May est une personne de grande classe.

    Donc May veille. Elle pousse Edmond et, ma foi, le prince consort ne réussit pas trop mal. Les thés et les bridges avec les Georges-Picot, les François-Poncet, les d'Ormesson, les Broglie, le gratin, y contribuent. Elle se tient à sa place, au centre de la toile d'araignée qu'elle a tissée, invisible et vigilante. May est une femme d'une remarquable intelligence.

    Elle a été la collaboratrice de son père, dont elle éditera d'ailleurs les mémoires. L'argent c'est bien. Il en faut et même beaucoup. Edmond s'en occupe. Cependant, seul le pouvoir politique permet de maîtriser, dans une France, dont l'économie passe sous le contrôle de l'Etat, le profit. Cela, Bardoux l'avait compris et l'héritière a conservé la leçon.

    Mais il restait l'homme d'un autre âge. May va former l'un de ses garçons le plus doué, Valéry, dès l'enfance pour le préparer à la fonction de prince de l'Etablissement. Il faut qu'il accède, un jour, à la direction de l'Etat. Valéry sera donc élevé comme le dauphin de la République.

    Celui qu'elle nomme affectueusement Valy sort en juin de polytechnique second de sa promotion, dure déception car seul le premier est admis, sans concours, à l'E.N.A. Qu'importe. Cette année-là et cette année-là seulement, grâce à May, on en prendra deux. Ce qui lui permettra de rejoindre le cousin François entré par la grande porte, celle du concours. Valy effectuera son stage de « dépaysement » auprès du haut-commissaire pour la Sarre, Gilbert Grandval, un ami de papa. Ce qui lui permettra d'obtenir une note de stage exceptionnelle : 19 sur 20. Lors de l'examen de sortie, le jury sera présidé par François-Poncet. Que de bonnes fées se seront penchées sur le berceau du jeune prince. Il ne sortira néanmoins, qu'au troisième rang. Comme son cousin, il choisira l'inspection des finances. Qu'à cela ne tienne. Maman obtiendra du gouverneur Wilfrid Baumgartner que son fils fasse un stage à la Banque de France. Privilège insigne : son rapport de stage sera adressé à toute la promotion. Celle-ci doit savoir que le rang de sortie importe moins que les protections. Elle comprendra.

    Valy a besoin d'un mentor. Il le trouvera en la personne du prince de Broglie, qui connaîtra le destin tragique que l'on sait. Un petit groupe de gamins aux dents longues s'organise, sous la tutelle bienveillante du futur assassiné. On y retrouve Jean-Jacques Servan-Schreiber, Jacques Duhamel, Jean d'Ormesson, un peu plus tard Jean-François Deniau et Claude Brossolette, qui appartiennent à une génération suivante d'énarques, dont Valy s'institue le répétiteur. Les charmants jeunes-gens se réunissent rue Pierre 1er de Serbie. L'on y discute beaucoup, l'on y boit pas mal et l'on ne dédaigne pas les jolies mannequins.

    Le jeune inspecteur adjoint des finances sera envoyé à la Trésorerie Générale d'Alger. Ceux qui l'ont connu à cette époque se souviennent d'un garçon avide de plaisirs, parfois faciles, mais aussi de relations plus financières que mondaines. Il devient urgent de le marier. Le prince de Broglie va s'en charger. Les Fabre-Luce possèdent une délicieuse filleule, Anne-Aymone Sauvage de Brantes, une jeune fille bien sous tous les rapports, ravissante, pieuse, qu'une timidité presque maladive préserve des tentations du monde dans lequel elle vit. Ce n'est pas rien, AnneAymone : elle descend du baron Schneider et sa belle-mère est née Faucigny Lucinges, noblesse du second empire, bon genre, grand chic, la crème de l'Etablissement. L'on ne donne pas une fille pareille à un paltoquet. May a bien travaillé : ses bridges, ses thés et ses petits fours ont permis le beau mariage.

    Voici Valy parvenu au sommet de l'Etablissement, dont son père n'occupait qu'un degré inférieur, dont le grand-père Bardoux n'était qu'un serviteur zélé mais maladroit. Il aura fallu deux mariages, un réseau de plus en plus serré de relations, une grosse fortune, accumulée en peu de temps, grâce aux faveurs du pouvoir. Il ne lui restera plus qu'à faire un parcours sans faute ou presque, sinon une vilaine affaire de faux bilans et de dividendes fictifs, dans laquelle se trouve impliquée la « banque des intérêts français », tout un programme, moins une banque d'ailleurs qu'une officine, qui dépend des Giscard. Le 19 décembre 1965 De Gaulle le chasse du ministère des finances et exige prompte et bonne justice. Heureusement Michel Debré, son remplaçant aux Finances, veille. Le principal accusé aura l'obligeance de se suicider, l'avocat de la partie civile, « la caisse des marchés de l’Etat », défenseur des contribuables lésés, oubliera de se présenter, à l'audience, l'affaire sera expédiée sans que le nom de Giscard ait été prononcé. Ainsi fonctionne l'Etablissement. Les socialistes le découvriront lors d'une autre affaire, celle des avions renifleurs, quand Mitterrand protégera son prédécesseur et enterrera, à la demande de Fabius, le dossier.

    Cette brève incursion dans la biographie de M. Giscard montre qu'il n'est pas le descendant de bons bourgeois auvergnats, ni même de Louis XV par la main gauche mais l'arrière petit cousin de Carnot, le petit fils d'une Georges-Picot, le cousin par alliance des Fabre-Luce et surtout l'époux d'une Schneider. Que l'on ne prétende pas que ce fut sans influence sur sa carrière. Les fils du juge ne commencèrent à s'enrichir, non plus petitement comme leurs ancêtres mais rapidement et grandement, que lorsqu'ils devinrent un Carnot et un Georges-Picot. La colonisation leur apporta et plus encore la décolonisation. Le travail, l'épargne, le goût d'entreprendre ne furent pour rien dans une fortune fondée sur des « affaires » que seules leurs relations dans l'appareil de l'Etat rendirent fructueuses. Quand ils eurent l'imprudence de violer la loi, ils trouvèrent des protections même parmi leurs adversaires politiques. Ce qui ne les empêchera pas — à charge de revanche ? — de maquiller en crime crapuleux l'exécution de l'un de leurs amis, que l'ampleur et l'audace de ses trafics rendaient compromettant.

    Grâce à Giscard l'Etablissement gouvernera directement la France. Les ministres sont choisis dans le Gotha : Poniatowski ou d'Ornano. Ce sera une grave faute, la pire qu'il ait commise en deux siècles. Il se démasquera au moment où s'ouvre une crise structurelle, que, par un étrange aveuglement, il n'avait pas prévu. Si étrange que cela ? Sans doute pas si l'on considère qu'il ne s'intéresse qu'au court terme. Lui prêter de grands desseins est absurde. Il faudrait qu'il croie dans les idées. Certes, ses membres jouent volontiers les libéraux mais dans la pratique ils sont étatistes. Pendant qu'il était aux finances, Giscard a resserré le carcan du contrôle des prix. Cette contradiction ne les gêne pas. Pourtant, du fait de son origine, l'Etablissement est révolutionnaire. Non au plan économique. Il a trop profité du capitalisme financier pour le mettre en question. Du moins à celui des mœurs. Giscard a pris le pouvoir en entonnant « le chant du départ ». Il prétendait changer la vie. Les socialistes aussi, encore que Mitterrand préfère « la marche consulaire ». On y a vu une simple habileté, le désir de flatter le goût du changement des Français. Giscard était sincère, même s'il entrait une part de calcul. L'Etablissement a horreur de l'ancienne France. Il est né de la négation de ses valeurs religieuses et morales. Mammon est son dieu, un dieu jaloux qui ne souffre pas le partage.

    Plus qu'aucun chef d'Etat, Giscard a contribué à détruire la famille : libéralisation de l'avortement, révolution contraceptive, majorité à dix-huit ans, divorce par consentement mutuel, égalité des droits entre les enfants adultérins et les légitimes, fiscalité qui avantage les concubins. Cela servait la consommation de masse. Le sexe fait vendre. Il y avait davantage, l'Etablissement réduit l'homme à sa fonction économique. Il n'est qu'un producteur et qu'un consommateur. Aussi convient-il de dissoudre les solidarités familiales mais aussi le patriotisme local, et l'identité nationale, déraciner l'homme dans un perpétuel brassage des populations et des cultures. Quand le gouvernement attire les familles d'immigrés sous un prétexte humanitaire, il poursuit un objectif économique : mieux vaut que les immigrés consomment leurs revenus sur place plutôt que d'en expédier le principal aux leurs, restés au pays. Cela fera marcher le commerce. Cet objectif prosaïque en dissimule un autre : massifier la culture. Enfants de Français et fils d'immigrés trouvent un langage commun dans une culture cosmopolite, d'origine américaine : le rock, et ses dérivés, la bande dessinée, des séries de télévision comme Dallas. Il est évident que la famille, conservatoire des traditions, devient un obstacle tout comme l'attachement aux solidarités familiales et à la terre natale contrarient la mobilité de l'emploi. Il ne s'agit pas de faire des migrants des Français mais de faire des Français des migrants dans leur propre pays. Cela vient de loin. Barrès déjà dénonçait les déracinés.

    Pendant les 23 ans de gouvernement de la France par l'Etablissement, de façon mitigée sous le règne de Charles de Gaulle et ouverte du temps de Giscard, le processus de massification de la production puis de la consommation ne fut pas compensé comme il aurait dû l'être par une politique de protection de la famille, de décentralisation, de renforcement de l'identité culturelle. Ce fut le contraire. Les forces de résistance, nécessaires, fut-ce pour l'équilibre psychique de l'individu, furent méthodiquement démantelées avec pour conséquences la drogue, l'alcoolisme, la pornographie, la petite délinquance. Les immigrés en souffrirent autant que les Français. Imagine-t-on le chagrin d'un père marocain dont les filles revendiquent une liberté sexuelle qui abolit du jour au lendemain un millénaire de traditions coraniques ?

    Il s'agit d'un plan conduit de façon méthodique. L'on prétend que la loi n'a fait que s'adapter à l'évolution des mœurs. C'est l'inverse que l'on constate quand la libéralisation de l'avortement fut imposée, 70 % des Françaises lui étaient hostiles. L'historien s'aperçoit d'ailleurs que l'Etablissement n'a régné sans partage qu'à trois reprises, sous le Directoire, pendant l'Empire autoritaire, de 1851 à 1860, durant le septennat de Giscard. Ce furent trois périodes de dissolution morale. Est-ce un hasard ? Une couche sociale — il ne s'agit pas d'une classe mais d'une coterie — qui tient sa puissance de la corruption ne peut imaginer qu'une société à son image. Néanmoins, il lui fallait un bras séculier. Le prolétariat intellectuel le lui fournira.     

    A suivre  (A venir : Mai 68 : la révolution du prolétariat intellectuel)

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    Une politique pour l'an 2000 de Pierre Debray :    

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  • Une politique pour l'an 2000 de Pierre Debray (8)

     

    lfar bleu.jpgNous poursuivons la publication de notre série, dont la lecture expliquera à ceux qui ne l'ont pas connu le rôle intellectuel important de Pierre Debray à l'Action Française dans les années 1950-2000.  Cette analyse politique, économique, sociologique et historique, menée méthodiquement, à la maurrassienne, comporte de multiples enseignements, utiles aujourd'hui à notre école de pensée. Comme un stimulant de notre réflexion sur la situation présente de la France et sur l'action que nous avons à y mener. Même si le lecteur devra tenir compte des événements et des faits intervenus au cours des trois dernières décennies.  LFAR

     

    2235704335.jpg1ère partie : l’Homme Masse

     

    L'ETABLISSEMENT

    La perte de l'Indochine va permettre à Edmond Giscard, relevé d'Estaing, de faire une énorme fortune. Le mécanisme est simple. La SOFFO rachète des sociétés, sucreries, raffineries, tissages, ou plantations, au moindre prix. Les propriétaires sont trop heureux de trouver un acquéreur. Edmond Giscard transformera les biens confisqués par les Vietminh en dommages de guerre, payés rubis sur l'ongle, dans les meilleurs délais. De dérogations en autorisations, ce bel argent sera investi dans l'immobilier, un marché en pleine expansion. L'abandon de l'Indochine se traduira pour la SOFFO par une augmentation du capital qui passera en 1966, à quinze millions quatre cent cinquante mille nouveaux francs. Ce qui explique l'enthousiasme des actionnaires à réélire Edmond à la présidence du conseil d'administration.

    Entre temps, les Giscard se sont fait anoblir par le conseil d'Etat, qui les autorisera à relever le nom de d'Estaing. Pour y parvenir, ils n'ont pas hésité à déshonorer leur famille de bonne bourgeoisie en lui inventant, comme ancêtre une fille de joie qui se serait fait faire un enfant par l'amiral d'Estaing. Ce qui est manière d'afficher leur appartenance à une oligarchie de déclassés. Pourtant, en dépit de cette noblesse d'emprunt, René et Edmond restent des pièces rapportées, réduits au rôle de prince consort. Dans un système matriarcal le pouvoir appartient aux femmes et celle d'Edmond, May est une personne de grande classe.

    Donc May veille. Elle pousse Edmond et, ma foi, le prince consort ne réussit pas trop mal. Les thés et les bridges avec les Georges-Picot, les François-Poncet, les d'Ormesson, les Broglie, le gratin, y contribuent. Elle se tient à sa place, au centre de la toile d'araignée qu'elle a tissée, invisible et vigilante. May est une femme d'une remarquable intelligence.

    Elle a été la collaboratrice de son père, dont elle éditera d'ailleurs les mémoires. L'argent c'est bien. Il en faut et même beaucoup. Edmond s'en occupe. Cependant, seul le pouvoir politique permet de maîtriser, dans une France, dont l'économie passe sous le contrôle de l'Etat, le profit. Cela, Bardoux l'avait compris et l'héritière a conservé la leçon.

    Mais il restait l'homme d'un autre âge. May va former l'un de ses garçons le plus doué, Valéry, dès l'enfance pour le préparer à la fonction de prince de l'Etablissement. Il faut qu'il accède, un jour, à la direction de l'Etat. Valéry sera donc élevé comme le dauphin de la République.

    Celui qu'elle nomme affectueusement Valy sort en juin de polytechnique second de sa promotion, dure déception car seul le premier est admis, sans concours, à l'E.N.A. Qu'importe. Cette année-là et cette année-là seulement, grâce à May, on en prendra deux. Ce qui lui permettra de rejoindre le cousin François entré par la grande porte, celle du concours. Valy effectuera son stage de « dépaysement » auprès du haut-commissaire pour la Sarre, Gilbert Grandval, un ami de papa. Ce qui lui permettra d'obtenir une note de stage exceptionnelle : 19 sur 20. Lors de l'examen de sortie, le jury sera présidé par François-Poncet. Que de bonnes fées se seront penchées sur le berceau du jeune prince. Il ne sortira néanmoins, qu'au troisième rang. Comme son cousin, il choisira l'inspection des finances. Qu'à cela ne tienne. Maman obtiendra du gouverneur Wilfrid Baumgartner que son fils fasse un stage à la Banque de France. Privilège insigne : son rapport de stage sera adressé à toute la promotion. Celle-ci doit savoir que le rang de sortie importe moins que les protections. Elle comprendra.

    Valy a besoin d'un mentor. Il le trouvera en la personne du prince de Broglie, qui connaîtra le destin tragique que l'on sait. Un petit groupe de gamins aux dents longues s'organise, sous la tutelle bienveillante du futur assassiné. On y retrouve Jean-Jacques Servan-Schreiber, Jacques Duhamel, Jean d'Ormesson, un peu plus tard Jean-François Deniau et Claude Brossolette, qui appartiennent à une génération suivante d'énarques, dont Valy s'institue le répétiteur. Les charmants jeunes-gens se réunissent rue Pierre 1er de Serbie. L'on y discute beaucoup, l'on y boit pas mal et l'on ne dédaigne pas les jolies mannequins.

    Le jeune inspecteur adjoint des finances sera envoyé à la Trésorerie Générale d'Alger. Ceux qui l'ont connu à cette époque se souviennent d'un garçon avide de plaisirs, parfois faciles, mais aussi de relations plus financières que mondaines. Il devient urgent de le marier. Le prince de Broglie va s'en charger. Les Fabre-Luce possèdent une délicieuse filleule, Anne-Aymone Sauvage de Brantes, une jeune fille bien sous tous les rapports, ravissante, pieuse, qu'une timidité presque maladive préserve des tentations du monde dans lequel elle vit. Ce n'est pas rien, AnneAymone : elle descend du baron Schneider et sa belle-mère est née Faucigny Lucinges, noblesse du second empire, bon genre, grand chic, la crème de l'Etablissement. L'on ne donne pas une fille pareille à un paltoquet. May a bien travaillé : ses bridges, ses thés et ses petits fours ont permis le beau mariage.

    Voici Valy parvenu au sommet de l'Etablissement, dont son père n'occupait qu'un degré inférieur, dont le grand-père Bardoux n'était qu'un serviteur zélé mais maladroit. Il aura fallu deux mariages, un réseau de plus en plus serré de relations, une grosse fortune, accumulée en peu de temps, grâce aux faveurs du pouvoir. Il ne lui restera plus qu'à faire un parcours sans faute ou presque, sinon une vilaine affaire de faux bilans et de dividendes fictifs, dans laquelle se trouve impliquée la « banque des intérêts français », tout un programme, moins une banque d'ailleurs qu'une officine, qui dépend des Giscard. Le 19 décembre 1965 De Gaulle le chasse du ministère des finances et exige prompte et bonne justice. Heureusement Michel Debré, son remplaçant aux Finances, veille. Le principal accusé aura l'obligeance de se suicider, l'avocat de la partie civile, « la caisse des marchés de l’Etat », défenseur des contribuables lésés, oubliera de se présenter, à l'audience, l'affaire sera expédiée sans que le nom de Giscard ait été prononcé. Ainsi fonctionne l'Etablissement. Les socialistes le découvriront lors d'une autre affaire, celle des avions renifleurs, quand Mitterrand protégera son prédécesseur et enterrera, à la demande de Fabius, le dossier.

    Cette brève incursion dans la biographie de M. Giscard montre qu'il n'est pas le descendant de bons bourgeois auvergnats, ni même de Louis XV par la main gauche mais l'arrière petit cousin de Carnot, le petit fils d'une Georges-Picot, le cousin par alliance des Fabre-Luce et surtout l'époux d'une Schneider. Que l'on ne prétende pas que ce fut sans influence sur sa carrière. Les fils du juge ne commencèrent à s'enrichir, non plus petitement comme leurs ancêtres mais rapidement et grandement, que lorsqu'ils devinrent un Carnot et un Georges-Picot. La colonisation leur apporta et plus encore la décolonisation. Le travail, l'épargne, le goût d'entreprendre ne furent pour rien dans une fortune fondée sur des « affaires » que seules leurs relations dans l'appareil de l'Etat rendirent fructueuses. Quand ils eurent l'imprudence de violer la loi, ils trouvèrent des protections même parmi leurs adversaires politiques. Ce qui ne les empêchera pas — à charge de revanche ? — de maquiller en crime crapuleux l'exécution de l'un de leurs amis, que l'ampleur et l'audace de ses trafics rendaient compromettant.

    Grâce à Giscard l'Etablissement gouvernera directement la France. Les ministres sont choisis dans le Gotha : Poniatowski ou d'Ornano. Ce sera une grave faute, la pire qu'il ait commise en deux siècles. Il se démasquera au moment où s'ouvre une crise structurelle, que, par un étrange aveuglement, il n'avait pas prévu. Si étrange que cela ? Sans doute pas si l'on considère qu'il ne s'intéresse qu'au court terme. Lui prêter de grands desseins est absurde. Il faudrait qu'il croie dans les idées. Certes, ses membres jouent volontiers les libéraux mais dans la pratique ils sont étatistes. Pendant qu'il était aux finances, Giscard a resserré le carcan du contrôle des prix. Cette contradiction ne les gêne pas. Pourtant, du fait de son origine, l'Etablissement est révolutionnaire. Non au plan économique. Il a trop profité du capitalisme financier pour le mettre en question. Du moins à celui des mœurs. Giscard a pris le pouvoir en entonnant « le chant du départ ». Il prétendait changer la vie. Les socialistes aussi, encore que Mitterrand préfère « la marche consulaire ». On y a vu une simple habileté, le désir de flatter le goût du changement des Français. Giscard était sincère, même s'il entrait une part de calcul. L'Etablissement a horreur de l'ancienne France. Il est né de la négation de ses valeurs religieuses et morales. Mammon est son dieu, un dieu jaloux qui ne souffre pas le partage.

    Plus qu'aucun chef d'Etat, Giscard a contribué à détruire la famille : libéralisation de l'avortement, révolution contraceptive, majorité à dix-huit ans, divorce par consentement mutuel, égalité des droits entre les enfants adultérins et les légitimes, fiscalité qui avantage les concubins. Cela servait la consommation de masse. Le sexe fait vendre. Il y avait davantage, l'Etablissement réduit l'homme à sa fonction économique. Il n'est qu'un producteur et qu'un consommateur. Aussi convient-il de dissoudre les solidarités familiales mais aussi le patriotisme local, et l'identité nationale, déraciner l'homme dans un perpétuel brassage des populations et des cultures. Quand le gouvernement attire les familles d'immigrés sous un prétexte humanitaire, il poursuit un objectif économique : mieux vaut que les immigrés consomment leurs revenus sur place plutôt que d'en expédier le principal aux leurs, restés au pays. Cela fera marcher le commerce. Cet objectif prosaïque en dissimule un autre : massifier la culture. Enfants de Français et fils d'immigrés trouvent un langage commun dans une culture cosmopolite, d'origine américaine : le rock, et ses dérivés, la bande dessinée, des séries de télévision comme Dallas. Il est évident que la famille, conservatoire des traditions, devient un obstacle tout comme l'attachement aux solidarités familiales et à la terre natale contrarient la mobilité de l'emploi. Il ne s'agit pas de faire des migrants des Français mais de faire des Français des migrants dans leur propre pays. Cela vient de loin. Barrès déjà dénonçait les déracinés.

    Pendant les 23 ans de gouvernement de la France par l'Etablissement, de façon mitigée sous le règne de Charles de Gaulle et ouverte du temps de Giscard, le processus de massification de la production puis de la consommation ne fut pas compensé comme il aurait dû l'être par une politique de protection de la famille, de décentralisation, de renforcement de l'identité culturelle. Ce fut le contraire. Les forces de résistance, nécessaires, fut-ce pour l'équilibre psychique de l'individu, furent méthodiquement démantelées avec pour conséquences la drogue, l'alcoolisme, la pornographie, la petite délinquance. Les immigrés en souffrirent autant que les Français. Imagine-t-on le chagrin d'un père marocain dont les filles revendiquent une liberté sexuelle qui abolit du jour au lendemain un millénaire de traditions coraniques ?

    Il s'agit d'un plan conduit de façon méthodique. L'on prétend que la loi n'a fait que s'adapter à l'évolution des mœurs. C'est l'inverse que l'on constate quand la libéralisation de l'avortement fut imposée, 70 % des Françaises lui étaient hostiles. L'historien s'aperçoit d'ailleurs que l'Etablissement n'a régné sans partage qu'à trois reprises, sous le Directoire, pendant l'Empire autoritaire, de 1851 à 1860, durant le septennat de Giscard. Ce furent trois périodes de dissolution morale. Est-ce un hasard ? Une couche sociale — il ne s'agit pas d'une classe mais d'une coterie — qui tient sa puissance de la corruption ne peut imaginer qu'une société à son image. Néanmoins, il lui fallait un bras séculier. Le prolétariat intellectuel le lui fournira.     

    A suivre  (A venir : Mai 68 : la révolution du prolétariat intellectuel)

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    lafautearousseau

  • Images du 21 janvier 2014, à Paris, Lyon (avec les Princes de la Maison de France) et à Marseille

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    Le 21 janvier, à Paris et à Lyon,  a été commémoré en présence des Princes de la Maison de France

     

    = A Paris, à Saint Germain l'Auxerrois, autour de Mgr le Comte de Paris

    21_janvier_2014.jpg

     Au cours de la Messe, célébrée à la demande de l'Oeillet Blanc et présidée par Dom Philippe Piron, père Abbé de Kergonan, le Chef de la Maison royale de France, Monseigneur le comte de Paris a rédigé et lu avec beaucoup d'émotion les intentions de prières pour le Roi Louis XVI, pour la Reine Marie-Antoinette et bien sûr pour Louis XVII, mort seul et abandonné dans un cachot du Temple*.

    Compte-rendu plus détaillé sur La Couronne 

     

    = Le prince Jean de France, duc de Vendôme, commémore le roi Louis XVI à Lyon 

    Le Prince et Stéphane Blanchonnet

    Le prince Jean de France, duc de Vendôme a assisté à la messe célébrée en mémoire du roi Louis XVI en l’église Saint-Denis de la Croix-Rousse à Lyon. La messe plus suivie que d’habitude en raison de la présence du prince Jean était célébrée par l’abbé Jérôme Billioud.

    A l’issue de la cérémonie religieuse, le Prince a salué la figure de Louis XVI dans la sacristie et a participé avec joie à la traditionnelle galette des rois. 

    Le duc de Vendôme a ensuite conversé avec les convives en évoquant ses engagements et a répondu en toute simplicité à ceux d'entre eux qui lui lui demandaient des nouvelles de la princesse Philoména et des jeunes princes.

    Compte-rendu plus détaillé sur La Couronne

     

    = A Marseille, la Messe pour Louis XVI a été célébrée dans la basilique du Sacré-Coeur, en présence d'une assistance nombreuse

    Assistance 1.jpg   Assistance 2.jpg

     Mgr ELLUL.jpg

    Monseigneur Jean-Pierre Ellul préside la cérémonie

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     La Fédération Royaliste Provençale et le Souvenir Bourbonien 

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     A la sortie de la Messe, de jeunes militants d'Action française proposent exemplaires de "L'Action Française 2000" et tracts sur le colloque qu'ils organisent le 8 février.

     

    * La prière du 21 janvier de Mgr. le Comte de Paris

    "Pour Louis XVI, par la grâce de Dieu Roi de France et de Navarre, qui accomplit jusqu'à la mort son devoir d'oint du Seigneur, qui, victime innocente, offrit le sacrifice de sa vie au Roi du Ciel afin que le peuple français retrouve la paix. 

    Pour la reine Marie Antoinette, fidèle à sa foi, qui accompagna jusqu'au martyre le Roi Très Chrétien son époux.
     
    Pour l'Enfant Roi Martyr, emmuré après avoir été avili par ses bourreaux et qui mourut abandonné de tous dans la prison du Temple.
     
    Pour la Maison Royale de France élue par Dieu en la personne de Clovis, de ses successeurs et des Saints du sang de France pour conduire les destinées de la France, fille aînée de l'Eglise, afin qu'assistée de la force du Saint Esprit Paraclet, elle demeure fidèle à la foi de sainte Clotilde, féconde en oeuvres de justice et établie dans la paix du coeur de Jésus.
      
    Pour Louis Philippe Joseph, duc d'Orléans, qui fut l'un des instruments par lesquels le martyre s'accomplit, nous vous demandons grâce, Seigneur, et moi, Henri, je vous supplie, Dieu de Miséricorde, de me donner d'être l'instrument de votre volonté.
      
    Et pour la France, notre pays, qui, plus que jamais, a besoin de toutes ses forces vives pour retrouver et conserver sa grandeur dans la justice et l'unité. Par l'intercession de Notre-Dame, Reine de France, de Saint Michel Archange et de saint Louis, Roi de France.
       
    Amen       
    Henri Comte de Paris, Duc de France
     
     
    Sources : La Couronne - AF Provence - Lyon poeple.
     
  • Dernière minute : Excellentes analyses d’Olivier Perceval ce matin sur France info et hier sur Boulevard Voltaire

    perceval.JPGComme il est parfaitement douteux que nos 17 000 visiteurs uniques / mois (chiffre d’ailleurs en croissance constante) sachent qui est Olivier Perceval et comme nous devons nous exprimer de telle façon que tous sachent et puissent comprendre de quoi nous parlons, précisons tout d’abord qu’Olivier Perceval est le Secrétaire Général du CRAF (Centre Royaliste d’Action Française), l’une des composantes du courant d’Action Française et l’une des plus actives et des plus remuantes, à Paris.

    Olivier Perceval a donc été appelé à s’exprimer, ce matin, sur France Info,  à une heure de grande écoute, sur la crise qui secoue la République ; et, même si ce fut trop bref et si l’on aimerait que les médias donnent plus souvent et plus longtemps la parole aux hommes qui représentent notre courant politique, les propos d’Olivier Perceval sont allés à l’essentiel qu’il avait, d’ailleurs, déjà exprimé, hier, sur Boulevard Voltaire, sous le titre : Hollande, ça sent la fin de règne. Sur la perte de ce qu’il reste de légitimité à la République, ses réflexions concordent parfaitement avec les nôtres, ici, dans Lafautearousseau.

    Son analyse nous paraît suffisamment claire, juste et équilibrée, pour que nous la reproduisions ici. Notre sentiment est, en effet, que nous avons moins besoin d’un royalisme folklorique ou braillard que d’un royalisme intellectuellement solide, même s’il est vrai qu’il y a – et doit y avoir – plusieurs demeures dans la Maison du Père.

    (Lire le texte ci-après)

    Qu’on veuille bien permettre au royaliste que je suis de faire part de son sentiment, en marge de l’affaire Cahuzac, sur la posture de plus en plus instable de la République. 

    D’abord, je voudrais préciser que le mensonge d’État, la corruption, les lois ineptes ne sont pas l’apanage exclusif de la gauche libérale socialiste. La droite libérale démocratique (celle que la gauche, entre deux insultes, reconnaît quand même comme républicaine) pratique le même sport à peu près au même rythme. 

    Ces deux faces d’une même médaille utilisent la règle du jeu électoral convenue, où comme dans « Qui veut gagner des millions » sort, tous les cinq ans, un heureux gagnant. 

    Mensonge, corruption… Mais rappelons-nous : cela a commencé dès la Révolution ! Tandis que Danton s’enrichissait, comme de nombreux « citoyens décideurs » avec la récupération des « fermes générales » et le pillage des biens de l’Église, que 60 départements sur 84, malencontreusement consultés, souhaitaient le maintien de la monarchie, qu’on écrasait dans le sang les révoltes populaires qui éclataient partout en France, on fondait la République une et indivisible, déjà dans le mépris du peuple que l’on séduisait par le mensonge ou soumettait par la terreur. 

    Comment se peut-il que, née ainsi, la République produise de bons fruits ? Jusqu’alors, la République tenait sa légitimité de la défense de la Nation, cette mission régalienne qu’elle eut l’intelligence d’hériter de la monarchie capétienne, non sans la déformer et faire du nationalisme une caricature belliciste. 

    Mais ses abandons successifs de souveraineté pour dissoudre la patrie dans l’Union européenne, elle-même antichambre du mondialisme anglo-saxon, lui fait perdre son reste de légitimité, la rendant de plus en plus étrangère à la France réelle. La loi Taubira, qui s’inscrit dans ce planning mondialiste et qui vise à transformer nos peuples de France en une foule anonyme de clones asexués, complétant en cela le projet de métissage obligatoire défendu par Sarkozy, devrait achever de nous convaincre que la République, non seulement n’est pas la France, mais encore qu’elle met en danger notre patrie, laquelle, tout compte fait, ne se portait pas si mal sous la monarchie !

  • Respect pour la monarchie ! [Le Parisien Magazine. Humeur]

    Illustration La Couronne 

     

    Par Clara Dupont-Monod

    Bien-sûr, cela ne va pas très loin, mélange de considérations frivoles et de quelques autres plus sérieuses, même d'autres plus profondes [Le Parisien Magazine, 29.10]. Et l'on écarte d'un revers de plume cette Action française chargée de tous les défauts, dont il est si commode de se distancier. Sans laquelle, pourtant, l'idée royale qu'on compare et qu'on loue ici, se réduirait sans-doute aujourd'hui à un fantasme tout en paillètes. Cela ne nous relèvera pas de l'abîme civilisationnel où nous sommes plongés. N'importe ! L'idée simple ici est qu'il existe un autre abîme : entre la France républicaine d'aujourd'hui et ce que fut la France royale. Et l'auteur conclut à l'endroit de cette dernière : « Ma révérence ! ». Cette humeur s'intitule « Respect pour la monarchie ! »   Cela a un sens. Ce n'est pas grand chose. Ce n'est pas rien ... LFAR   

     

    AVT_Clara-Dupont-Monod_4831.jpgPlus on s’enfonce dans la crise politique, plus la monarchie redore son blason. Mais si. Ecoutez autour de vous : on n’a jamais autant entendu les mots « citoyenneté » et « Etat fort », précisément parce que ces valeurs périclitent. Et, à observer le bal des courtisans, les ors de la cour élyséenne, les adoubements et les disgrâces qui rythment la vie des palais (Bourbon, Luxembourg...), on se demande si une bonne vieille monarchie ne serait pas plus cohérente avec le décorum républicain.

    Avec style et couronne

    Entendons-nous. Il ne s’agit pas de louer Action française ni de ressortir la bannière à fleurs de lys. Mais de rêver un peu aux bienfaits insoupçonnés d’un système qui, avouons-le, a son charme. Ce que prouve The Crown, une excellente série diffusée sur Netflix à partir du 4 novembre. Attention, on risque de brûler sa carte d’électeur ! The Crown raconte 63 ans de règne d’Elizabeth II, reine d’Angleterre. Un mélange de Game of Thrones (moins la nudité) et de House of Cards (moins la démocratie). Surtout, cette monarchie, mine de rien, affiche certaines qualités absentes de notre vie politique.

    Par exemple, l’allure. Entre une Elizabeth (incarnée par Claire Foy) qui descend de calèche, la nuque droite, et un président qui ruisselle sous la pluie, soyons honnêtes, y a pas photo (comparez aussi une Diana qui sut élégamment faire sa vie ailleurs tandis que, en France, nous avons un président en scooter. Le seul Français qui fit preuve d’une noble discrétion, c’est Mitterrand, et c’était bien un monarque). Continuons. Et regardons les effets : une foule qui scande « We want a king ! », une autre, indignée, à l’usine Alstom de Belfort… Enfin, entre un système assez féministe pour privilégier une dame, tandis que son mari reste figurant, et les attaques machistes entendues dans un hémicycle, que choisissez-vous ?... 

    Ah ! j’oubliais le sens du tragique : de Sissi à la reine Fabiola, chez les aristocrates, même le chagrin a du panache ! Ajoutons qu’une monarchie est compatible avec une logique parlementaire : l’excellente Revue des deux mondes de ce mois-ci, consacrée à « La Nostalgie du roi », rappelle que c’est sous Louis XIV qu’émergea l’Etat français moderne. Moralité : un sondage du 29 août de l’institut BVA révèle que 17 % des Français voudraient d’un roi comme chef de l’Etat, et 39 % (+ 16 points par rapport à 2007) y verraient un effet positif sur l’unité nationale. Ma révérence !   

    Le Parisien Magazine

  • Dans le monde et dans notre Pays légal en folie : revue de presse de lafautearousseau...

     

    Excellente - comme toujours - Charlotte d'Ornellas !...

    Récapitulons :

    1. L'Etat républicain idéologique, le Système, nous taxe et nous surtaxe, nous tond littéralement, faisant de nous le Peuple le plus imposé de la terre...

    2. Une partie de cet argent, à nous volé, est employé par ce Système pervers, malfaisant, nuisible, à "changer le peuple" ! Pardon : à assurer "la transition démographique".

    Bref, à nous voler le Pays, à nous déposséder de notre France !

    Contre ce Système qui nous tue à petit feu, une seule solution : le tuer, lui, avant qu'il n'ait terminé son sale boulot !

    Et, pour cela, proposer inlassablement à nos compatriotes la seule action qui vaille :

    "une action réellement d'opposition, c'est--à-dire prônant ouvertement la subversion du Régime" (Léon Daudet)

     

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    1. Tribune de Christophe Dickès (dans Le Figaro) : "Pourquoi retirer aux traditionalistes ce que Jean-Paul II et Benoît XVI avaient accordé ?"

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    Cliquez sur l'image pour l'agrandir...

    "François le mauvais" a choisi : "la Paix soit avec vous", disent les prêtres, lors de la Messe : lui préfère mettre la guerre, la division, la discorde, la désunion au milieu du troupeau; c'est un Pape de guerre civile...

     

    2. Dans Le FigaroTunisie : le président Saied veut des «mesures urgentes» contre l'immigration subsaharienne, affirmant que sa présence est source de «violence et de crimes».

    Kais Saied a présidé une réunion du Conseil de sécurité nationale «consacrée aux mesures urgentes qui doivent être prises pour faire face à l'arrivée en Tunisie d'un grand nombre de migrants clandestins en provenance d'Afrique subsaharienne», selon un communiqué de la présidence.

    Lors de cette réunion Kais Saied a tenu un discours extrêmement dur sur l'arrivée de «hordes des migrants clandestins» dont la présence en Tunisie est selon lui source de «violence, de crimes et d'actes inacceptables», insistant sur «la nécessité de mettre rapidement fin» à cette immigration.

    https://www.lefigaro.fr/flash-actu/tunisie-le-president-saied-veut-des-mesures-urgentes-contre-l-immigration-subsaharienne-20230221

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    3. De Fabien Bouglé : 

    "Avec le titre de cet article on comprend bien que le report de la réforme par les allemands du marché de l'électricité est clef pour fragiliser le nucléaire français : "Marché de l'électricité : une réforme clé pour sécuriser le #nucléaire en France"

    https://www.lesechos.fr/industrie-services/energie-environnement/marche-de-lelectricite-une-reforme-cle-pour-securiser-le-nucleaire-en-france-1909189

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    4. D'accord avec Guillaume Bigot : 

    "Guerre en Ukraine. La France avait tous les atouts pour jouer un rôle important mais pas sans capitaine et avec un navire qui prend l'eau de toute part..."
     
    (extrait vidéo 9'40)
     

     

    5. L'escroquerie éolienne démontrée par les chiffres : de 2020 à 2022, le parc installé - donc la capacité de production - a augmenté de 15% (+3 GW). La production de 2022 (37,5 TWh) est pourtant inférieure de 5% par rapport à celle de 2020 (39,6 TWh) ! Comme on dit : Quand y a pas de vent, y a pas de vent, donc pas de courant...

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    6. D'accord avec Driss Ghali, à une nuance de près, et de taille, tout de même : pas "ce pays", Driss Ghali, mais ce Système, qui cornaque ce pays et le mène à la mort :

    "Ce pays est devenu fou. Il renonce à sa langue, l'une des plus belles au monde, pour essayer de singer les Américains. Mais que se passe-t-il dans le cerveau des dirigeants de La Poste qui appelle "pick up" un service de "collecte" ?"

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    Et "i" commerce ? Commerce en ligne, tout simplement !

     

    6 BIS. Et l'on terminera cette série d'aujourd'hui avec Défense de la Langue française qui vient d'attribuer au magazine Elle sa "palme du ridicule hivernal " :

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    "Ils" n'ont que le mot "diversité" à la bouche et "ils" - en l'occurrence, "elles" ! - détruisent et saccagent l'un des pans de la diversité du monde : l'apport de la langue française...

     

     

    À DEMAIN !

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  • Qu'est-ce qu'être Français ? La réponse d'un Québécois

    Crédits photo : Le Figaro / Le Figaro

     

    Nous avons fait remarquer maintes fois comment les plus pertinentes critiques portées à l'encontre de la société dite moderne ou postmoderne et du Système dans lequel nous vivons, par lequel nous sommes formatés, sont principalement venues de personnalités issues de la gauche plutôt que de la droite. Faut-il qu'elles nous arrivent, aussi, du dehors ? Est-ce si difficile pour un Français quelconque de s'extraire du conditionnement ? De s'évader - pour retrouver un regard lucide et penser librement - de la France Big Brotherisée ? 

    En tout cas, pour le québécois Mathieu Bock-côté, la polémique autour du terme « français de souche » est révélatrice de la crise d'identité que traverse la France. Lafautearousseau   

     

    Le Français de souche est victime d'un vilain paradoxe: officiellement, il n'existe pas, fondamentalement parce qu'il n'existerait plus. La nation française serait tellement métissée aujourd'hui qu'on ne saurait plus discerner quelque population de souche que ce soit. Il s'agirait d'un fantasme généalogique d'extrême-droite, référant à un âge d'or révolu de l'homogénéité ethnique qui aurait en fait été un enfer. En fait, il se pourrait même qu'il n'ait jamais existé: le métissage serait la véritable loi de l'histoire et d'une époque à l'autre, il aurait imposé ses codes à la France, qui n'existerait qu'au pluriel. Le Français de souche n'aurait même jamais existé, car il n'y aurait jamais eu d'époque d'avant l'immigration de masse.

    Et pourtant, de temps en temps, sans avertir, il revient à l'avant-scène, à la manière d'un affreux personnage qui sent très mauvais et qu'on évoque publiquement pour en dire du mal. C'est ce qui lui arrivé il y a quelques jours lorsque François Hollande y a fait référence pour préciser que les barbares qui avaient profané les sépultures dans un cimetière juif n'étaient pas seulement des «jeunes» parmi d'autres, pour reprendre la formule médiatiquement convenu, mais bien des Français de souche -autrement dit, ils n'étaient ni arabes, ni musulmans, et dans ce cas, il était tout à fait pertinent de rappeler leur origine ethnique sans que personne ne hurle à l'amalgame. On peut parler du Français de souche, mais seulement pour dire qu'il est un salaud.

    La chose n'est pas nouvelle et dépasse les seules préoccupations sémantiques. Il y a plus de dix ans, on s'en souvient, s'inquiétant de la persistance de l'identité française dans un pays qu'il aurait voulu soumettre au génie de la mondialisation et de la construction européenne, Philippe Sollers s'était permis une tirade contre la France moisie. Il pensait à la France béret-baguette, gouailleuse, enracinée, celle du terroir, qui préfère la souveraineté nationale au fédéralisme européen et qui s'imagine encore qu'il faut posséder quelques rudiments de culture française pour se dire français. Plus récemment, dans le débat sur l'identité nationale qu'il avait enclenché, Nicolas Sarkozy avait dit vouloir du gros rouge qui tache, manière comme une autre de tourner en dérision ce qu'il croyait être les préjugés de la France de souche devant les étrangers.

    D'une fois à l'autre, on le verra, c'est la même logique qui se met à l'œuvre: ce qui est spécifiquement français n'existe pas, et si cela existe, c'est très mal et il faut s'en distancier, s'en séparer, s'en débarrasser pour que naisse une nouvelle France post-identitaire, post-historique et post-nationale. Au mieux, ce sera pittoresque, et alors, on transformera cela en décor pour les touristes. Mais il n'est plus possible de se représenter autrement que négativement toute forme de substrat historique spécifique à la France. La poussée à l'indifférenciation qui traverse la mondialisation fait en sorte que ce qui est spécifique à un peuple et ne se laisse pas aisément traduire dans la culture globale des droits de l'homme est connoté négativement de manière automatique.

    C'est le paradoxe de l'identité française, en fait, et un semblable raisonnement pourrait s'appliquer aux autres nations occidentales, qui sont aussi soumises à la censure de fer propre à l'idéologie multiculturaliste. On dira que la France qui mérite d'être célébrée se distingue par les valeurs de la République, mais on oublie que ces valeurs, du moins, telles qu'elles se formulent aujourd'hui, ne se distinguent pas fondamentalement des valeurs revendiquées par d'autres nations, comme l'Allemagne, les États-Unis, le Canada, le Québec ou l'Italie. Autrement dit, la France cherche à se définir par ce qu'elle n'a pas de singulier, et refoule dans des stéréotypes négatifs ce qu'elle pourrait avoir en propre.

    Qu'est-ce qui fait que la France n'est pas le Danemark? On ne trouvera pas vraiment la réponse à cette question dans le seul universalisme républicain. D'une manière ou de l'autre, et en parlant ou non du Français de souche, il faudra bien rappeler les droits de l'histoire, ou si on préfère, des cultures historiques, celles qui font que les peuples ne sont pas interchangeables, qu'ils ont chacun une personnalité singulière, qui s'exprime dans l'appropriation des paysages, dans la cuisine (il est amusant de noter que dans Soumission, la jeune Myriam, qui l'a quitté pour Israël, exprime sa nostalgie de la France en parlant des fromages! Quant à lui, Éric Zemmour, dans la tournée de promotion du Suicide français, a donné le même exemple pour parler concrètement de l'identité française), dans la chanson, dans les contes et légendes, autrement dit, dans les mœurs, dans le mode de vie. Bien évidemment, le culte de la république à la française caractérise aussi le particularisme français.

    Devenir Français, cela ne consiste pas, alors, à se contenter d'une carte d'identité comme si un pays n'était qu'une association administrative s'ouvrant à n'importe qui s'y installe, mais cela ne saurait exiger non plus le partage d'une généalogie pluri centenaire. Mais cela consiste à s'approprier une culture, à s'en approprier la mémoire, aussi, pour la faire sienne. Cela consiste à envoyer les signaux, nombreux, qui témoignent de mille manières d'une appartenance héritée ou revendiquée à un peuple, à une identité qui a noué ses fils intimes au fil de l'histoire, et qu'il serait bien triste de voir aujourd'hui se dissoudre. Nous ne pourrons pas toujours vivre dans le déni des cultures. 

     

    FIGARO VOX - Mathieu Bock-Côté     

     Mathieu Bock-Côté est sociologue (Ph.D). Il est chargé de cours à+  HEC Montréal et chroniqueur au Journal de Montréal ainsi qu'à la radio de Radio-Canada. Il est l'auteur de plusieurs livres, parmi lesquels « Exercices politiques » (VLB, 2013), « Fin de cycle : aux origines du malaise politique québécois » (Boréal, 2012) et « La dénationalisation tranquille: mémoire, identité et multiculturalisme dans le Québec post-référendaire » (Boréal, 2007)